Youkio Mishima

luth biwa

 

RITSOUKO – Dites-moi, comment est-elle, votre belle déesse tutélaire ? Sa forme ?

HIRO – Elle est parée de toutes sortes de colliers, de bracelets, de boucles d'oreilles et d'une couronne. Et elle tient toujours à la main un biwa, comme les hommes de notre Maison, un biwa magnifiquement incrusté de nacre. Et elle sourit. La musique qu'elle joue verse comme un clair de lune sur le visage du lac. Comme les rides étincelantes de l'eau, son sourire frisonne sur sa face divine. Tout cela, c'est l'écho de l'harmonieuse musique. Et l'eau n'est que musique. Ainsi la déesse la domine. Le corps humain est purement de l'eau ; c'est pourquoi notre déesse le domine et le change en musique. Le sang est eau ; c'est pourquoi elle le domine, et le sang devient musique.

RITSOUKO – Que deviendra le Japon, après ?

HIRO – Vous vous le demandez pour vous et pour moi, n'est-ce pas ?

RITSOUKO – Nous et les autres, c'est la même chose.

HIRO – C'est vrai.

RITSOUKO – Lorsque se brise le bras droit du pays...

INRO – notre bras aussi est brisé. Et puis, lorsque se déchire la traîne du pays, qu'elle retombe glorieusement au-delà des mers...

RITSOUKO – Nous aussi nous sommes déchirés.

HIRO – C'est le cri de la soie qui se déchire...

RITSOUKO - ...et nous pouvons l'entendre par-dessus la mer. Peut-être le Japon sera-t-il vaincu.

HIRO – Alors, ce sera la nuit sur le monde. La chose la plus gracieuse, la plus élégante sera-t-elle écrasée sous la botte des barbares? Je ne le permettrai pas.


La chûte des Souzakou (1967)

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