Ah, ils veulent s'en prendre à la République, eh bien ils vont voir !

Il y avait eu une grande manifestation. Les policiers avaient été bousculés. Il faut dire que les gens étaient assez remontés comme on dit. Ils en avaient assez de subir taxes et impôts à répétition, de ne jamais être écoutés, d'avoir des emplois de plus en plus précaires et une existence de plus en plus difficile. La première manifestation fut assez modérée dans un premier temps. Les slogans fusaient, la colère s'entendait ; en face des cordons de C.R.S. faisaient obstruction. Puis le martellement des semelles a commencé à faire frémir les autorités. Les policiers ont reçu des ordres et les manifestants ont reçu des coups de matraque, des grenades lacrymogènes, des lances à eau et quelques projectiles issus de flasball. Mais ça ne les a pas fait reculer. Certains avaient des masques et du sérum physiologique, des casques de moto et quelques objets défensifs. En résumé, le mécontentement était tel que la résistance déborda les forces de l'ordre.

Il fallait remettre ça la semaine suivante. Alors les dirigeants du pays ont pensé que le combat était trop équilibré, qu'il fallait donner un avantage plus substantiel à la police de la République comme ils disent. Aussi les manifestants furent arrêtés préventivement, dispersé avant l'heure de la manifestation. Et on leur confisqua tout ce qui pouvait les protéger des gaz et des matraques ; interdits les masques et même le sérum physiologique (arme de défense redoutable) ; interdits les casques de moto ou de chantier. Et puis, il fallait aussi les frapper au portefeuille. Des amendes pour un oui ou pour un non allaient pleuvoir sur tous ceux qui prétendaient se faire entendre. Le chef de l'Etat l'a martelé sur toutes les chaînes :  « Nous n'acceptons que des manifestations bon enfant » Malheureusement, et malgré toutes ces précautions, rien ne s'est passé comme prévu. Ce fut une manif de sales gosses. Il y eut des heurts, des vitrines brisées, des autos brûlées, car quand le peuple est dans la rue, on ne l'arrête pas aussi facilement. Il faut dire que la répression avait radicalisé une bonne partie de ceux qui étaient venus clamer leur colère.

Alors, comme un autre mouvement était prévu la semaine suivante, le gouvernement prit des mesures d'exception. Les gens ne pourront venir sur le parcours d'une manifestation que s'ils sont nus, complètement nus, quelque soit le temps qu'il fait. Toute personne vêtue ne serait-ce que d'un cache-sexe sera interpellée et placée en détention. Et cela sans préjuger des condamnations que la justice, appelée à la plus grande sévérité, pourra leur infliger. Les policiers de leur côté porteront casques et boucliers, équipement rembourré de rigueur et pourront charger à bord de leurs rutilants chars mis à disposition par l'armée. Ah, ils veulent s'en prendre à la République, eh bien ils vont voir !

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