DE SI JOLIS CHEVAUX de Cormac McCarthy

Cormac McCarthy est un écrivain américain né en 1933 à Providence (Rhode Island). Après ses études, il rejoint en 1953 l'armée de l'air américaine pour quatre ans, dont deux passés en Alaska, où il anime une émission de radio. En 1957, il reprend ses études à l'université, se marie avec la  première de ses deux femmes en 1961 et a un fils. Il quitte l'université sans aller jusqu'au diplôme, et s'installe avec sa famille à Chicago, où il écrit son premier roman. Aujourd’hui Cormac McCarthy vit au nord de Santa Fe (Nouveau-Mexique) dans une relative discrétion et accorde très rarement des interviews.

1949. Le Far-West, c'est terminé au Texas, alors deux adolescents prennent leurs chevaux et vont tenter leur chance au Mexique. Ils seront rejoints dans leur odyssée par un troisième larron, encore plus jeune. Ils montrent ce qu'ils savent faire dans le dressage des chevaux et trouvent à s'employer.

Tout va très bien jusqu'au jour où l'un des garçons, John Grady, tombe amoureux de la fille du propriétaire de l'hacienda. Il s'ensuivra de multiples dangers, pas toujours évités, de terribles corrections, des emprisonnements, de sévères blessures par balles et même la mort pour le plus jeune d'entre eux.

A bout de force, John Grady finira par rentrer aux Etats-Unis, avec l'unique envie d'en repartir.

On peut considérer « De si jolis chevaux », écrit en 1992, comme un roman d'initiation ou un roman d'amour. Mais c'est aussi un récit d'une sauvagerie rare, âpre, sans retenue. Le dépaysement est entretenu par l’écriture de McCarthy, si âpre et austère. L’absence quasi-totale de virgules, l’utilisation plus que parcimonieuse de pronoms et un goût prononcé pour la répétition donnent à ce style une emphase troublante, presque hypnotique.

 « Elle est allée à San Antonio, dit le jeune homme.
Dis pas elle en parlant de ta mère.
Maman.
Je le sais.
Ils buvaient leur café.
Qu'est-ce que tu comptes faire ?
Au sujet de quoi ?
Au sujet de tout.
Elle peut aller où ça lui plaît.
Le jeune homme l'observait. T'as pas besoin de fumer ces trucs-là, dit-il.
Son père pinça les lèvres et tambourina sur la table avec ses doigts et leva les yeux.
Quand je viendrai te demander ce que je suis censé faire tu sauras que t'es assez grand pour me le dire, dit-il.
Oui père.
T'as besoin d'argent ?
Non.
Il observait le jeune homme. Tout va bien se passer pour toi, dit-il. »

Le style est sans cesse un objet d'étonnement, tant la virtuosité de l'auteur nous donne parfois le vertige.

Bien sûr, le livre est en lien direct avec l'épopée des cow-boys, mais dire que ce roman est un western, ce serait expliquer que Moby Dick se résume à une histoire de pêche. Mais Cormak McCarthy a un talent particulier pour parler des chevaux.

« Il dit qu’il n’y avait pas entre les humains la même communion qu’entre les chevaux et que l’idée même qu’il serait possible de comprendre les hommes était sans doute une illusion. »

Enfin, tout le livre est à la fois simple, poétique et philosophie. Nous sommes dans l'épopée, sans aucun doute.

« Il imaginait la douleur du monde comme une sorte de créature parasite cherchant la chaleur des âmes humaines pour y couver… Ce qu'il avait ignoré c'était que cette créature-là était dénuée de raison et n'avait donc aucun moyen de connaître les limites de ces âmes et ce qui l'effrayait c'était qu’il n'y avait peut-être pas de limites. »

De si jolis chevaux est le premier tome d'une trilogie informelle nommée la Trilogie de la frontière, qui comprend également Le Grand Passage (The Crossing) et Des villes dans la plaine (Cities of the Plain).








Le roman a été adapté par Billy Bob Thornton dans le film De si jolis chevaux qui est sorti en 2001 en France.






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