Réparation du monde
- Allô, allô. Combien ça coûterait pour réparer le monde ? Il semble bien qu'il faille, qu'il va falloir faire des réparations.
- Je ne peux pas vous dire comme ça.
- Vous pouvez me faire un devis ?
- Combien vous voulez mettre dans les réparations ?
- Pour moi, ce n'est pas une question d'argent. L'important, c'est que ce soit réparé. Mais je ne sais pas si tout le monde sera d'accord.
- Tout le monde ne serait pas d'accord pour réparer le monde ?
- Si, bien sûr, sur le principe...
- Faudrait déjà arrêter les dégâts. Parce que moi, je ne peux pas faire un devis si les dégradations continuelles continuent. Enfin je veux dire, si ça change tout le temps et pour empirer.
- On va faire attention, c'est promis. Nous sommes déjà quelques uns très motivés pour ouvrir les yeux des autres.
- Vous savez ce qu'on dit chez nous ? Après le crépuscule, les vers luisants pensent : nous avons donné la lumière au monde.
- Ah bon, on dit ça ? Je ne vois pas le rapport.
- Je vais pouvoir vous dire exactement ce que ça vous coûter, mais vous ne savez pas très bien qui va payer tout ça.
- Il y en a qui ne voudront jamais payer, on le sait bien, mais on compte sur la solidarité des autres.
- Une solidarité qui n'est pas unanime... hum... On choisit ses amis ; on subit sa famille.
- Ecoutez, on pourrait tout de même faire un test sur une zone pour se rendre compte.
- Là, je ne vous suis pas. Si on fait ça, c'est comme si on crachait par terre. Parce que si c'est réparé d'un côté et pas de l'autre, vous n'arriverez à rien. Dans la situation actuelle, il faut tout refaire en même temps.
- Je suis d'accord, mais une zone-test nous permettrait justement de montrer aux autres zones l'intérêt de la chose.
- Vous savez : l'expérience est un peigne pour les chauves.
- J'ai l'impression que vous hésitez maintenant à...
- On dit aussi : le bélier qui va foncer, commence par reculer.
- Oui, bon. Merci pour toutes ces formules intéressantes, mais on parle chiffres et matériels, si vous permettez.
- Chiffres oui, matériel non !
- Comment ça ? On vous demande de réparer le monde. Va falloir tout de même du matos.
- Je crois que vous vous êtes trompé de numéro. Je ne suis pas entrepreneur. Je suis psychologue et je croyais que vous vouliez m'entretenir de la réparation des esprits. Parce que là aussi il y du travail. Il est difficile d'attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout s'il n'y est pas.
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