Jorge Luis Borges
LE SUD
Du fond d’un de tes patios avoir regardé
les antiques étoiles,
d’un banc de l’ombre avoir regardé
ces lumières éparses
que mon ignorance n’a pas appris à nommer
ni à ordonner en constellations,
avoir senti le cercle d’eau
dans la secrète citerne,
l’odeur du jasmin et du chèvrefeuille,
le silence de l’oiseau endormi,
la voûte du vestibule, l’humidité
– ces choses, peut-être, sont le poème.
les antiques étoiles,
d’un banc de l’ombre avoir regardé
ces lumières éparses
que mon ignorance n’a pas appris à nommer
ni à ordonner en constellations,
avoir senti le cercle d’eau
dans la secrète citerne,
l’odeur du jasmin et du chèvrefeuille,
le silence de l’oiseau endormi,
la voûte du vestibule, l’humidité
– ces choses, peut-être, sont le poème.
Ce
poème évoque sans nul doute le mythique quartier de Boedo, témoin
de l'innocence d'un âge d'or idyllique, tel que le célèbre encore,
en 1948, un illustre tango de Homero Manzi, également intitulé Sur
Sud tango de Homero Manzi
San Juan et le vieux Boedo, et tout le
ciel,
Pompeya et même les jours
d'inondation.
Ta chevelure de fiancée comme souvenir
et ton nom dans un adieu fleuri.
Le coin du forgeron, boue et pampa,
ta maison, trottoir et grand fossé,
et le parfum de fleurs sauvages et
d'asphalte
qui me remplit encore le cœur.
Le Sud,
c'est un mur et après...
Le Sud,
une lumière d'entrepôt...
Plus jamais tu ne me verras comme tu
m'as vu,
appuyé à la porte vitrée
en t'attendant.
Plus jamais je ne compterai sur les
étoiles
pour éclairer notre promenade paisible
dans la nuit à Pompeya...
Les rues et les lunes suburbaines
et mon amour et ta fenêtre,
tout est mort, je le sais bien...
San Juan et le vieux Boedo, ciel perdu,
Pompeya et en arrivant sur le
terre-plein,
tes vingt ans aux caresses hésitantes
après le baiser que je t'avais volé.
Nostalgie de tout ce passé,
sablier de la vie qui s'écoule,
chagrin devant ces quartiers où tout
est changé,
amertume d'un rêve aujourd'hui mort.
https://youtu.be/j4zR8hEfpow
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