Théâtre
Jorge Dubatti dans "Alternatives
Théâtrales" (ce texte a été écrit en 2019 avant l'arrivée à la
présidence d'Alberto Fernandez le 10 décembre 2019)
Buenos Aires est considérée comme
une des grandes capitales théâtrales du monde hispanique. On y
crée chaque année en moyenne 2000 spectacles théâtraux de divers
types ; on y compte plus de 250 salles en fonction dans le
circuit officiel, indépendant et commercial, auxquelles il faut
ajouter environ 400 espaces moins conventionnels.
La première décennie du XXI ème
siècle fut caractérisée par la crise du néolibéralisme. La
période 2001-2015 fut ainsi qualifiée de post-néolibérale.
Cependant, l'arrivée au pouvoir du président Mauricio Macri
(décembre 2015) permet de parler d'un restauration néolibérale
aux composantes idéologiques conservatrices. Depuis 2016, les
politiques nationales se caractérisent par la réduction des
interventions de l'Etat, la militarisation croissante, la
concentration accrue de la richesse et des moyens de communication,
l'inégalité de classes, l'augmentation de l'économie strictement
financière ayant pour conséquences la fuite des capitaux,
l'augmentation de la dette extérieure et la soumission au FMI, la
chute du marché intérieur et de l'industrie nationale,
l'augmentation des importations et des privatisations, le
démembrement des structures nationales d'éducation, de santé et
de culture, qui s'ajoute à l'inflation croissante, la récession et
l'augmentation astronomique des impôts.
Ces politiques affaiblissent sans
aucun doute la production théâtrale, réduite en quantité et plus
pauvre encore en moyens.
La critique théâtrale
professionnelle ayant progressivement disparue, ne serait-ce que par
le manque d'espaces laissés à la culture, ou devenue peu crédible
par le système du copinage, est apparu, le plus souvent par le
biais des réseaux sociaux, ce qu'on pourrait appeler le
spectateur-critique. Afin de s'informer sur un spectacle, les
spectateurs ne se limitent plus à considérer le commentaire d'un
critique faisant autorité ; ils prêtent attention au spectre
très large de ces voix qui vont du bouche à oreille transmis par
les amis, la famille, les collègues ou de parfaits inconnus, à la
diversité de discours critiques.
Un cas particulier de
spectateur-critique est offert par la figure de « Felisa »
(ainsi qu'elle se nomme elle-même), devenue véritablement culte
dans le milieu théâtral de Buenos Aires. Artistes et spectateurs
attendent avec intérêt la sortie de ses commentaires. Il s'agit
d'une femme au foyer d'environ 70 ans, passionnée par le théâtre
et qui, après avoir vu une représentation, se filme au moyen d'une
technologie très bon marché, édite les images en y ajoutant de la
musique avant de poster la séquence sur YouTube (on
la trouve très facilement en tapant simplement « Felisa
critica teatral » dans le champ de recherche de YouTube)
Felisa critica teatral
https://www.youtube.com/watch?v=3GY7srY8T_E
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