Pelota de Trapo
Sur son blog, Pelota de Trapo,
Alfredo Grande propose une analyse de la situation économique et
politique de l'Argentine, qui pourrait être aussi un exemple pour
d'autres nations.
Paiement
facile, croissance difficile
Il
faut toujours différencier la crise et la catastrophe. Par exemple,
en ce moment je suis sans internet et je dois trouver d'autres moyens
pour suppléer la wifi défaillante. Quand j'aurais retrouvé du
réseau, les choses reviendront à la normale, comme avant. Si, en
revanche, c'est l'ordinateur qui est mort, le disque dur se détruit,
et c'est une catastrophe. Il faudra reformater un autre disque, mais
jamais je ne retrouverai tout ce que j'ai perdu. De la crise, on peut
sortir plus fort, car elle est génératrice de dangers et
d'opportunités. Même si on n'oubliera pas qu'il y a toujours plus
de dangers que d'opportunités.
De la
catastrophe, on peut revenir, mais seulement si nous pouvons accepter
que les « noires hirondelles ne reviendront pas »
(allusion au poème de Gustavo
Adolfo Bécquer). Pour le radicalisme, « Cambiemos » a
été une catastrophe et il n'en reste plus que le nom. Le produit
original s'est désintégré. La faim, qui pouvait être une crise
occasionnelle, est devenu une catastrophe. Même si on retrouve de
quoi manger, jamais on ne récupérera les dommages causés pour
n'avoir pas mangé à sa faim. Ce n'est pas la même chose d'avoir
faim et d'être affamé. Ce n'est pas la même chose de penser la
faim comme un problème ou comme une solution.
L'assassinat
des enfants Wichi est une forme cruelle de prendre désormais
possession du désert. « A toutes les époques, il y a des
enfants qui meurent » disent les promoteurs qui changent les
frontières. Mais ce ne sont jamais leurs enfants à eux qui meurent.
La classe politique contribue à sa propre dégradation en dénonçant
la dévastation subie par ces population, mais en oubliant de dire
que durant les quatre années de « cambiemos para empeorar »
(changeons pour le pire), elle y participa activement, complice ou
spectatrice passive.
Jamais
on a empêché qu'un jeune soit assassiné à coups de pied. On a
préféré soutenir des ordres gouvernementaux bien qu'ils
apportaient la mort, plutôt que d'approfondir et donner un fondement
vital à la démocratie. On a réussi à assassiner la démocratie en
l'infectant du virus de la destruction constitutionnelle.
Parfois,
tout de même, une hirondelle fait le printemps. Soutenir coûte que
coûte un ordre. Soutenir coûte que coûte que le peuple ne peut ni
gouverner ni délibérer. Pas même par le biais de ses
représentants. Soutenir coûte que coûte que si tout va bien pour
le gouvernement, tout va bien pour tout le monde. Version atténuée,
mais pas tant que ça, du « si ça va bien pour Hitler, ça va
bien pour l'humanité ».
Aujourd'hui
il est important de discuter : quel type de croissance est
possible et quel type de croissance est nécessaire. Il y a des
formes de croissance qui nous conduiront à la ruine par la
destruction de nos ressources. Naturelles et culturelles. Nous
pouvons croître, payer et continuer à courir à la catastrophe.
Tout ce qu'a trouvé à changer Cambiemos, c'est de reculer l'horizon
le plus loin possible. En mai 68, on trouvait en France le slogan :
« Soyez réalistes, demandez l'impossible ». Notre
restauration conservatrice fut tellement réussie, qu'aujourd'hui on
discute de la façon dont nous devrons payer.
Le
scandale est la face visible de l'hypocrisie. Nous pouvons nous
scandaliser avec colère à chaque fraude, à chaque escroquerie.
Mais il manque encore la compréhension de la catastrophe dans sa
totalité. Prétendre que soutenir la dette, en refusant toute forme
d'audit. Depuis l'année 2000 nous savons que la dette extérieure
est le vol du siècle. Pourtant, le gouvernement actuel est en train
de perdre l'occasion d'enterrer un de ces nombreux mécanismes qui
nous maintiennent en dépendance.
Une
hirondelle de plus.
Nous
pouvons dénoncer la fuite des capitaux, en réalité il s'agit d'un
tourisme de capitaux, parce que la fuite, c'est autre chose. Mais la
loi n'empêchera rien. Et le marché financier continue d'être d'une
rentabilité pornographique.
La
nécessaire discussion pour savoir s'il y a des prisonniers
politiques, ou des politiques prisonniers, ne doit pas omettre qu'en
réalité dans la prison à ciel ouvert qu'est l'Argentine pour des
millions de personnes, il y a des prisonniers économiques. Le marché
est aussi un marché captif de consommateurs escroqués et pillés
tous les jours. L'inflation touche l'alimentation, pas les cannes de
golf. Il faut croître pour pouvoir changer de téléphone portable
tous les ans, pendant que la déforestation, l'invasion du soja,
l'ouverture de mines gigantesques, continuent ; c'est la
chronique d'un suicide annoncé.
Si
la crise est danger et opportunité, la catastrophe aussi peut
l'être. Il faudra nous apprendre à affronter les dangers et à nous
préparer à inventer des opportunités. Aucune solution ne viendra
des fonctionnaire et des bureaucrates. Ni de ceux qui parient sur le
changement destructeur, en le maquillant de stratégies de
résurrection. Il faut empêcher le paiement de la dette, et d'autant
plus que c'est la facilité que de la payer.
NOUS NE POUVONS COMBATRE LE
F.M.I. QU'AVEC UN FRONT LIBERTAIRE
POUR LA CULTURE DE REPRESSION
NOUS SOMMES DES ÊTRES VOUES A LA MORT
POUR LA CULTURE NON REPRESSIVE
NOUS SOMMES DES ÊTRES VOUES A LA VIE
JE NE VEUX PAS CROÎTRE POUR
PAYER, JE VEUX CROÎTRE POUR VIVRE
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