Ricardo Monti
Ricardo
Monti, né le 2 juin 1944 à Buenos Aires, est un dramaturge, metteur
en scène et scénariste du cinéma argentin.
Il est
l'un des dramaturges hispanophones les plus importants. Il est
également professeur de dramaturgie et directeur de théâtre. Il a
étudié la philosophie et la littérature à l'Université de Buenos
Aires.
Son
engagement idéologique contre la dictature civile-militaire,
soi-disant le processus de réorganisation nationale, l'a conduit en
1981 à être l'un des dramaturges du mouvement connu sous le nom de
Teatro Abierto (théâtre ouvert). Il a écrit en 1981 une pièce
complètement déroutante et vraiment irrésistible : Le rideau
de perles.
"La
cortina de abalorios".
(Le rideau de perles
de verre) Teatro
Abierto, Buenos Aires, 1981. Director: Juan Cosín.
(Mama
et Pezuela sont en train de jouer aux cartes. Une violente explosion
les jette au sol. Les cartes volent dans la pièce et une épaisse
nuée de fumée s'étend sur la scène. Mama reste à quatre pattes.
Immédiatement entre Popham, essayant de dissiper la fumée avec ses
mains. Il est vêtu comme un officier de la marine anglaise du
XVIIIème siècle.)
POPHAM
– Beg your pardon. Perdon. Perdonen por favor. C'est un accident.
L'artilleur de la compagnie, un homme distrait, a allumé sa pipe en
s'appuyant sur le canon. Désintégré. Il avait fait la même chose
en Chine. (déconcerté devant le postérieur de Mama) Perdon
Milady, nous ne nous sommes pas déjà vus ?
MAMA
– (la tête dans sa robe de chambre) C'est possible, mais
aidez-moi à me relever.
POPHAM
– Oui, évidemment.
(il
l'aide à se relever, ce qui est très difficile, parce que
visiblement le coup l'a complètement désarticulée)
MAMA
– Vous êtes toujours aussi violent, mon ami ?
POPHAM
– Oh, non, non... Je suis un homme pacifique...
MAMA
– Soutenez-moi un peu.
POPHAM
– Vous n'étiez pas à Ceylan ?
MAMA
– (sensuellement) Perhaps.
POPHAM
– A Paris !
MAMA
– Je me suis démis la hanche.
POPHAM
– La Manche ?
(Mama
découvre insidieusement sa hanche. Popham la caresse à cet endroit.
POPHAM
– Let me see... Au Bengale ?
MAMA
– Peut-être...
POPHAM
– Buckingham Palace ?
MAMA
– Peut-être bien. Je suis allée dans tant d'endroits.
POPHAM
– En Afrique du Sud ?
MAMA
– Le monde est petit, cher ami.
POPHAM
– Pas tant que ça, madame, pas tant que ça... Regardez.
(Il
s'éloigne de quelques pas et tend un bras avec arrogance, la paume
ouverte)
MAMA
– (s'approchant doucement par prudence) Quoi ?
POPHAM
– Le monde. (il ferme lentement sa main dans un geste féroce et
triomphal) Au nom de Sa Majesté Britannique.
MAMA
– Intrépide navigateur.
(avec
intrépidité Popham l'embrasse, en lui empoignant les fesses. Cri de
surprise de Mama. Pezuela tousse discrètement)
POPHAM
– Ah, monsieur Pezuela. Permettez-moi de vous aider à vous
redresser...
(il
lui tend la main. Pezuela le regarde d'un air glacial)
PEZUELA
– Au nom de Sa Majesté ?
POPHAM
– (avec un orgueil bien anglais) Of course.
MAMA
– Ce coffre est à vous ?
POPHAM
– Précisément.
MAMA
– Qu'est-ce qui brille là à l'intérieur ?
POPHAM
– I'm sorry. Valise diplomatique.
https://www.youtube.com/watch?v=KZ_1cviyWaU
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