Ariel Farace
Ariel
Farace,
né en 1982 à Buenos Aires, est écrivain, dramaturge, comédien et
directeur de théâtre. Il a étudié la dramaturgie à l’École
métropolitaine d’art dramatique-EMAD de Buenos Aires. Ses
créations ont été présentées en Argentine, au Brésil, au Chili,
en Uruguay, au Mexique, en Espagne et en Allemagne. Il a aussi
collaboré comme dramaturge dans divers projets en arts de la scène,
en danse ou en musique contemporaine.
En 2017-2018, il a pris part à la direction du Théâtre national d’Argentine-TNA – TC. Il a créé la maison d’édition Libros Drama et coordonne des ateliers d’écriture dans différentes villes en Argentine et dans le monde. Il vit à Buenos Aires.
En 2017-2018, il a pris part à la direction du Théâtre national d’Argentine-TNA – TC. Il a créé la maison d’édition Libros Drama et coordonne des ateliers d’écriture dans différentes villes en Argentine et dans le monde. Il vit à Buenos Aires.
« J’envisage
une écriture qui utilise autant les moyens de la fiction que ceux de
l’essai pour confronter les temps présents et passés. Ces
dernières années, j’ai commencé à faire un usage fictionnel du
matériau autobiographique dans l’intention d’explorer des formes
nouvelles, à la recherche d’un langage personnel. »
CONSTANZA
MUERE (basée sur la nouvelle de Cervantes « La illustre
Fregona »)
elle
parle avec son âne Lucio
Parfois j'ai tellement envie
d'embrasser quelqu'un que c'est comme si je m'évanouissais.
J'ai peur que la mort arrive. Je
pense : Elle va arriver ? On dit que la mort est un non
lieu qui permet de parler. Mais parler avec qui ? Parler
seule? Non, je préfère lire les grands poètes assise dans le
fauteuil. Je préfère prendre un thé, faire la sieste. Regarder le
soleil passer. Je préfère même parler avec toi qui ne dis pas un
mot. Dormir est une répétition parfaite de sa propre mort. C'est
une mort chaleureuse et aérée. Parfois, endormie, je rêve que je
suis en train de mourir, mais, juste avant de mourir, au moment même
du décès, je me réveille. C'est comme ça, quand un rêve arrive
au moment de l'horreur majuscule, il nous réveille. Et si la vie est
un songe, comme disent les poètes, je pense que mourir sera ouvrir
les yeux en grand et se réveiller. Ouvrir les yeux ça fait vraiment
tout. Même si les poètes... Les poètes agencent les mots pour
qu'ils rentrent dans le vers de la meilleure manière possible.
Certains poètes écrivent des poèmes que le diable lui-même ne
comprend pas. Je ne dis pas que d'inventer une ribambelle de mots
autour de quelque chose soit quelque chose de simple mais... Et la
réalité ? Qu'est-ce qu'on fait avec la réalité? Parce que la
réalité c'est tout, tout, tout ce que sont les choses. Mais comme
les choses sont une chose maintenant et une autre ensuite, la réalité
est une chose maintenant et après une autre. Moi je me réveille le
matin et ça c'est ma réalité. Je me réveille la nuit, d'un coup,
tout est sombre, je me dévoile : là est ma réalité. Et en
même temps la réalité possède cette constance d'être toujours la
même, non? D'être toujours les choses. L'apparence des choses. De
durer. Elle arrivera ? Quoi ? Encore ? Bon, maintenant
je me remets à lire.
Dormir c'est comme rêver la mort.
De la même manière se réveiller c'est rêver la vie. Parfois je
n'arrive plus à distinguer l'une de l'autre.
C'est horrible,
Lucio.
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