Angeles Mastretta
L'histoire
très ordinaire de la générale Ascencio est
le premier roman de l'écrivaine mexicaine Angeles
Mastretta,
paru en 1985 sous le titre Arrancame
la vida - littéralement
« Arrache-moi la vie » (on est loin du titre français !).
Catalina, la protagoniste, évoque sa vie (pas si ordinaire que ça)
avec le général Ascencio, l'un des nombreux « héros »
engendrés par la Révolution mexicaine de 1910.
Mariée
à 15 ans à cet homme beaucoup plus âgé qu'elle, elle est d'abord
aveuglée par l'amour qu'elle lui porte : elle accepte tout, ses
maîtresses, les enfants illégitimes qu'il sème à tous vents et
lui amène, et surtout son goût démesuré de la politique et du
pouvoir qui le poussent à de multiples crimes et exactions. Puis,
peu à peu Catalina prend ses distances avec cet homme brutal et
dévoré d'ambition .
Ce
roman, par un ton corrosif et cinglant, par des évocations d'une
cruelle vérité, par un regard impitoyable porté sur un monde dont
l'hypocrisie et le cynisme sont les fondements, met en relief le
destin d'une jeune Mexicaine et relate les étapes d'une libération
intellectuelle et sentimentale, d'une conquête de soi aussi lucide
qu'impérieuse.
Max
Alhau (NRF – janvier 1990)
Cette
année-là il s'est passé bien des choses dans ce pays. Entre
autres, Andrès et moi nous nous sommes mariés. J'avais fait sa
connaissance dans un café sous les arcades. Ça ne pouvait être
guère ailleurs puisque à Puebla tout se passait sous les arcades :
depuis les fiançailles jusqu'aux assassinats, comme s'il n'y avait
pas d'autres endroits. Il avait alors plus de 30 ans et moi moins de
15 J'étais avec mes sœurs et leurs fiancés quand nous l'avons vu
s'approcher. Il a dit son nom et s'est assis pour bavarder avec nous.
Il m'a plu. Il avait de grandes mains et des lèvres qui faisaient
peur quand il riait comme s'il avait eu deux bouches. Après
quelques minutes de conversation ses cheveux se décoiffaient et lui
tombaient obstinément sur le front, et avec la même obstination il
les ramenait en arrière d'un geste qu'il garderait sa vie durant. Il
n'était pas ce qu'on peut appeler un joli garçon. Il avait des yeux
trop petits et une bouche trop grande, mais je n'avais jamais vu des
yeux aussi vifs et je ne connaissais personne d'une telle assurance.
Il a été tiré un film de ce roman :
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