Buenos Aires en V.O.
Buenos Aires en V.O. par
Gwen-Haël Denigot
Préface
Toute ville digne de ce nom est
paradoxale, l'un et son contraire. Buenos Aires, peut-être à force
de toujours vivre au bord de la crise -économique, politique ou
existentielle- s'enivre de ses contradictions dont seule la
littérature peut rendre compte. Tissée de nos imaginaires, elle
invente la ville et en fait un lieu réel, avec ses parfums, ses
bruits, ses perspectives, ses rencontres inassouvies.
« On lit un de ces livres dont
une ville est le lieu, et puis, débarquant un jour pour la première
fois, on constate que rien n'a changé depuis qu'on n'y est jamais
allé » remarque Olivier Rolin, cet amoureux des bouts du
monde, sur les traces duquel je me rendis dès mon arrivée, à la
Confiteria Ideal du Bar des flots noirs. Que le premier étage
ait été un haut lieu du tango n'était qu'accessoire : il
fallait entrer dans la ville comme dans un roman. Et pourquoi y
a-t-il une esquina rosada à l'angle de la rue où j'habite à
Palermo ? Pas de hasard dans la capitale de l'analyse :
c'est l'esprit de Borges qui m'y a conduite, lui qui a passé son
enfance dans les livres à quelques rues de là.
Cette mosaïque faite de bifurcations,
de chemins de traverse et évidemment de labyrinthes n'a pas la
prétention de guider le lecteur dans « la seule ville qui
justifie qu'on la fuie, qu'on fasse le tour du monde, et qu'on y
revienne » (Macedonio Fernandez), mais bien plutôt de
l'inciter à s'y perdre à son gré. Suivons donc Borges dans la cité
mythique :
« Pas de commencement possible à
Buenos Aires,
Je la sens éternelle comme l'eau,
comme l'air. »
« Buenos Aires. Ce seul nom fait
rêver tous les désespérés du monde. A le répéter mentalement,
on se sent plus fort... » Vicente
Blasco Ibañez
« L'Argentine,
c'est Buenos Aires, tout le reste est paysage. »
Julio Cortazar
Commentaires
Enregistrer un commentaire