Che, boludo!
Boludo – Nom commun,
féminin boluda. Lors du
Sixième Congrès international de la langue espagnole, qui se tenait
en 2013 au Panama, on demanda à un écrivain de chaque pays de
choisir un mot représentatif, pour construire un atlas sonore du
lexique spécifique des langues d'Amérique latine. Le grand poète
argentin Juan Gelman choisit le mot boludo. C'est
en effet l'un des vocables typiquement portègnes dont l'usage dépend
entièrement du contexte et de l'intonation. Si l'étymologie de ce
mot issu du lunfardo (argot
de Buenos Aires) renvoie à bolas (testicules)
et que le sens premier est bien une insulte généralement traduite
par con/conne, le mot a été resémantisé dans les années 1990 par
les jeunes générations : il sert dorénavant à apostropher
quelqu'un de manière complice.
Le
terme est familier plus qu'argotique, et est utilisé par presque
toutes les catégories de la population, souvent précédé de
l'interjection Che, autre
argentinisme utilisé au quotidien entre amis ou collègues, pour
interpeller ou attirer l'attention de quelqu'un. Ce vocatif a donné
son surnom à Ernesto « Che » Guevara, non seulement
parce qu'il en usait et en abusait mais aussi parce que pour les
Latino-Américains, c'est une manière de désigner un Argentin car
ils sont les seuls à un user. La traduction de Che,
boludo ! Dépend donc avant
tout du ton sur lequel l'expression est prononcée : « Putain,
t'es con ! » ou, plus souvent, « Hé mec »,
« Dis donc » ou encore « Bon, alors »...
Vicente
Palermo (Buenos Aires, 1951) a écrit en 2008 avec un jeune collègue
brésilien, Rafael Mantovani un manuel
d'expressions idiomatiques argentines à destination des Brésiliens
(et vice versa), plein d'humour et de références populaires. Entre
bolita (péjoratif
pour désigner un immigré bolivien) et boton
(flic), boludo a une
place de choix.
Palermo
voulait ainsi lutter contre le portugnol,
sabir de portugais et d'espagnol qui se répand en raison des
échanges entre le Brésil et l'Argentine.
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