La Pecera
La
Pecera. Revista de literatura, arte, cine, teatro y música est
une publication culturelle dont les 14 numéros apparurent dans la
ville de Mar del Plata entre l'automne 2001 et l'été 2009. Elle
était dirigée par le poète Osvaldo Picardo, qui était secondé
par un Conseil Editorial avec des correspondants en Argentine, au
Brésil, à Madrid et à Paris. En 2016,
commença une seconde étape, mais sous format digital
(www.lapecerarevista.com). Le titre de la
revue vient d'un roman de D.H. Lawrence : “No
fish is too weird for her aquarium”
(Aucun poisson n'est trop rare pour son aquarium)
Dans le premier numéro, on
y trouve un long article sur Jack Kerouac et une étude sur le
mini-récit en Amérique latine, avec notamment ce texte de Virgilio
Piñera
Natation
par Virgilio Piñera
(Cuba 1912-1979)
J'ai
appris à nager au sec. C'est plus avantageux que de le faire dans
l'eau. Il n'y a pas la crainte de couler puisqu'on est déjà au
fond, et pour la même raison on est noyé d'avance. Cela nous
dispense aussi de pêcher à la lumière d'une lampe ou à la clarté
éblouissante d'un jour ensoleillé. Enfin l'absence d'eau nous évite
de nous empiffrer de poissons. Je ne vais pas nier que dans l'action
de nager au sec il y a quelque chose de l'agonie. A première vue, on
penserait au râle qui précède la mort. Pourtant il y a ceci de
différent, c'est que celui qui agonise est bien vivant, tout à fait
alerte, et qu'il écoute la musique qui vient de la fenêtre ouverte
et qu'il voit le ver de terre qui rampe par terre. Au début, mes
amis n'étaient pas d'accord avec ma décision. Ils se dérobaient à
mes regards et soupiraient dans un coin. Heureusement, la crise est
vite passée. Maintenant ils savent que je me sens bien en nageant au
sec. De temps en temps, je plonge mes mains dans les carreaux de
marbre et je leur donne un petit poisson que j'ai attrapé dans les
profondeurs sous-marines.
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