Música Rara. Poesía y Aledaños
Música
Rara. Poesía y Aledaños fut
une publication trimestrielle éditée et dirigée par Mario Nosotti
entre l'hiver 2004 et le printemps 2006. Ses huit numéros qui se
vendaient à un prix symbolique dans les libraires de Buenos-Aires,
étaient réalisés de façon artisanale, sans aucune forme de
publicité ou de subvention, grâce à la collaboration de tous les
acteurs de la revue.
Dans le premier numéro, on trouve
notamment une étude très intéressante sur T.S. Eliot et des poèmes
de Roxana Páez, dont celui qui suit.
Poète,
essayiste et traductrice argentine, Roxana Páez a publié une
quinzaine de livres (le premier d’entre eux sur Manuel Puig), la
majorité en castillan. Impasse
de la Baleine est
son dernier ouvrage paru qui attend sa traduction en français. Sa
langue étrangère y expérimente son Paris d’adoption, son
quartier témoin des migrations de deux siècles. Quartier
palimpseste et babélique. On peut lire en français trois de ses
titres : Le
journal de la china (Là
où le diable perd son poncho et le renard et le lièvre se disent
bonne Nuit) et l’anthologie Lettera
rarissima,
tous les deux bilingues, publiés à Marseille par Fidel Anthelme X,
ainsi que Brindilles
à sa flambée,
éd.bilingue, Paris, Cordoba, coédition de Reflet de Lettres/
Alcion.
Le rêve
J'ai marché deux heures sur un des
versants du volcan
Popocatépelt, dans le silence
jusqu'en haut.
Je portais une pierre de quartz
dans la main et dans mon sac
du pain du fromage et un sachet de
figues.
Les touristes sont comme des poètes
cherchant
l'extase, mais moi qui ne voulais pas
sortir
ni même naître, j'ai toujours eu
cette vertu.
De même que la peur
maintenant. Les roches se dérobent
quand mes mains les agrippent
et les cordes qui nous font monter
se tordent comme des couleuvres
écrasées par un gros rocher.
Tous les jours sont derrière moi
et dans la cicatrice de mon pouce
la première fois que j'ai épluché
une patate.
Les yeux tournent comme des écailles
d'argile
pendant que je glisse dans l'air sans
oxygène.
Là la partie brillante te prend comme
un forceps
par les tempes.
Et partie ronde rend un bruit
métallique.
Arrivent par intermittence que le sang
te donne des petites piqûres
végétales.
Les cheveux ont l'odeur de guano du
condor. En haut
en bas, j'ai toujours quelque chose
de ces jours originaux qui s'accrochent
aux franges épineuses comme la plante
de ma propre montagne dans une autre
vie si brève.
Maintenant les fibres de mes muscles ne
doivent plus s'opposer
aux racines et aux roches.
Etre eau qui sait que la douceur vient
après la dureté
Et à peine visible dans le relief
quelques ruisseaux que le courant fait
grossir.
Brusquement d'un monceau de neige
mon regard descend jusqu'aux pieds de
ma mère
qui m'envoie la fumée de sa cigarette
pour me réveiller.
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