Hamlet Lima Quintana
Hamlet Lima Quintana
Transfert
Après
tout, la mort est une grande comédienne.
La mort ment quand elle
menace de nous voler la vie,
comme si elle pouvait arrêter la
printemps.
Parce qu’en fin de compte,
tout ce qu’elle peut
nous voler c’est le temps,
le temps d’un sourire,
de manger
une pomme,
de prononcer un discours,
de fouler le sol
bien-aimé,
d’attiser l’amour de tous les matins.
De donner
la main, de jouer de la guitare,
de transmettre l’espoir.
Elle
modifie seulement nos espaces.
Les lieux faits pour étendre le
corps,
danser sous la lune ou traverser une rivière à la
nage.
Habiter un lit, atteindre un autre trottoir,
s’asseoir
sur une branche,
s’élancer en chantant de toutes les
fenêtres.
Voilà ce que la mort peut faire.
Mais voler la vie
?… Elle ne le peut pas.
Elle ne peut concocter une telle farce…
parce que la vie…
la vie est un flambeau qui passe de main en
main,
d’homme en homme, de semence en semence,
un transfert
qui ne revient jamais en arrière,
un voyage infini vers
l’avenir,
comme une lumière qui éloigne
irrémédiablement
les ténèbres.
(libre traduction par Silvia Guzzi)
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