Neus Aguado
J'ai entendu ta voix venue d'un abîme aussi profond que ma salive.
Ta voix qui m'endort en ce jour nouveau, ta voix si bien cachée à d'autres moments,
mon manteau de misère me va bien : je ne suis déjà plus l'élue de ta voix,
même si ton timbre, ta plainte légère, l'ombre d'une larme inventée
au téléphone, tout indice qui me rapproche au grand galop de ton repaire,
là tu es dans le territoire des félins aux yeux verts, mon tigre infiniment,
regrettant ta propre voix et ma tragédie insignifiante, mon tigre mélancolique,
reflet d'un automne que nous avons su adapter à nos différents pelages
et il nous importait peu de savoir à qui était le territoire, personne ne s'occupait à le limiter.
Avant que n'arrive le printemps, nous l'avons clôturé sans nous en rendre compte, instinctivement,
encore aujourd'hui nous payons le prix de ces limites, de ces exigences déchirantes.
Félins d'un âpre territoire, nous avons rompu sans le savoir le pacte séculaire.
Perdue, je t'ai cherché dans la forêt, parce qu'il y avait une forêt, oui, il y avait une forêt
aussi grande que nos regards scellés par la salive des siècles.
Il n'existe plus que les rayures dorées de ta peau
et ces yeux verts, verts, verts.
Tal vez el tigre
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