Conte du littoral argentin

 


Paí Luchí avait un cheval qui brillait comme sa dent en or, il était maître également de ses journées, d'un chien maigre comme un fil de fer et d'une paire d'espadrilles à moustaches.

Il allait de ferme en ferme, de propriété en propriété, de foyer en foyer. Quand il apparaissait au bout de la rue, les gens du village courraient prévenir l'épicerie parce que sûrement, sûrement il se préparait une soirée de contes.

Paí Luchí était conteur et menteur comme personne. Il parlait de pluies qui tombaient comme des mers à l'envers, de voyages dans le ciel et de brins d'herbe aussi gros qu'un poteau télégraphique.

Même les moustaches de ses espadrilles étaient longues, au point qu'avec elles on pouvait clôturer un champ.

Et attention à qui ne le croyait pas. Il racontait avec de la malignité dans les yeux et les gens ne pouvaient que dire « Hé bien ! dis donc ! » comme si tout était possible. Et surtout, ne pas interrompre, messieurs, parce que les conteurs à ce que disent les conteurs, il y en a beaucoup, des gros, des maigres, qu'ils aient un long cou ou des grandes oreilles, mais un comme Paí Luchí, il n'y en avait pas deux.

En tout cas, c'est toujours ce que disait Paí Luchí avant de commencer à raconter tant de choses incroyables.


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