Service Solidaire Obligatoire
Dans son blog « Pelota de trapo », Alfredo Grande tient une chronique régulière, particulièrement intéressante de semaine en semaine.
Service Solidaire Obligatoire
par Alfredo Grande
Le
service militaire obligatoire fut un instrument qui permit à la
culture répressive de formater la subjectivité des adolescents
durant plus de 90 ans. En 1901, le ministre de la Guerre, le
lieutenant-général Pablo Riccheri, présenta le projet selon lequel
on recruterait les garçons de vingt ans dans les Forces Armées pour
accomplir un service militaire de deux années. Le but du projet
était de répandre l'idée de citoyenneté et d'égalité devant la
loi, d'alphabétiser et d'intégrer les fils des immigrants, en plus
de développer le patriotisme des différentes couches sociales, et
de tout le territoire. Cela rejoignait les idées du président
d'alors, Julio Argentino Roca, également militaire, commandant lors
de la « Conquête du Désert ».
Quand on a commencé à tirer au sort ceux qui devaient être incorporés, l'inconscient politique social apparut avec l'expression “me salvé”. Se sauver, c'était tirer un petit numéro. Toutes les astuces étaient permises pour ne pas faire ce maudit service. Se créa alors un Front d'Opposition au Service Militaire Obligatoire. Et une de mes fiertés c'est d'y avoir appartenu.
Mais aujourd'hui nous assistons à une triple reddition : face au patriarcat, à la culture répressive et au capitalisme. Un rasoir à trois lames. Des délinquants en gants blancs, à la peau blanche mais bronzée, qui se présentent comme des « entrepreneurs qui donnent du travail », profitent de toutes les failles pour nous faire croire qu'ils ont conservé un peu d'humanité. Si la misère était d'avoir deux sandwiches pour trois, une misère digne, aujourd'hui la misère indigne, ce qu'on nous demande en plus d'être « solidaires » avec les riches à qui on demande un « apport exceptionnel ».
Comme l'a dit le député Itai Hagman : « Pendant que nous discutons pour savoir si les dix mille millionnaires les plus riches d'Argentine doivent faire un « apport » exceptionnel, nous avons cinq millions d'enfants sous le seuil de pauvreté. Quel est le niveau d'inégalité que nous pouvons tolérer ? »
Cet apport solidaire exceptionnel inaugure une autre stratégie mystificatrice et mensongère. La solidarité ne se décrète pas au Congrès. La solidarité ne doit pas être exceptionnelle.
A droite, si quelque chose fonctionne bien, ce sont les réflexes de classe. « Il ne s'agit surtout pas d'une confrontation entre ceux qui ont plus et ceux qui ont moins. » Alors on veut nous imposer un Service Solidaire Obligatoire.
Le service solidaire obligatoire sera une des nombreuses facettes de l'infamie capitaliste avec le visage humain d'un sauvage cannibale. La majorité des travailleurs, même si elle n'a jamais eu d'argent, a toujours su ce qu'est la solidarité. Elle n'a pas besoin de lois pour cela. Et même d'apports quand cela a été nécessaire. Lors de grèves par exemple.
Nous continuerons à lutter sans répit contre ces lois réactionnaires et évidemment ce ne sera pas pour nous « exceptionnel ».
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