Lucio Victorio Mansilla

 


Lucio Victorio Mansilla, né le 23 décembre 1831 à Buenos Aires et mort le 8 octobre 1913 à Paris, est un général de division de l'armée argentine, journaliste, écrivain, homme politique et diplomate argentin.

Dans ses récits, il raconte comment il discutait avec les Indiens au sujet des terres qu'on leur prenait. Le voici dans un dialogue avec Mariano Rosas, le chef des Indiens ; il essaie de le convaincre d'abandonner certains territoires.


Je lui expliquais que pour la sécurité de nos frontières et pour le respect du Traité de Paix il était nécessaire de tracer une nouvelle ligne d'au moins quinze lieues dans le désert, et de procéder de même pour une autre parcelle. Il faudrait alors que les Indiens renoncent à s'établir dans ces endroits ou à venir y chasser quand l'envie leur prend.

Il argumenta que ces terres étaient à eux.

Je lui expliquais que la terre appartient à ceux qui la rendent productive ; que le gouvernement les achètera, et laissera d'autres endroits où ils pourront vivre.

Il argumenta en m'opposant le passé et en me disant que de tout temps les Indiens avaient vécu entre le Rio Quarto et le Rio Quinto, et que toutes ces terres étaient à eux.

Je lui expliquais que le fait de vivre ou d'avoir vécu dans un endroit ne donne pas des droits sur cet endroit.

Il argumenta en me disant que si moi je voulais m'installer chez les Indiens, le bout de terre que j'occuperais serait à moi.

Je lui rétorquai qu'alors je pourrais le vendre pour mon profit.

Cette réplique ne lui a pas plu, et il interrompit la discussion tellement il était contrarié. Puis il me dit :

  • Ecoute, mon frère, pourquoi tu ne m'as pas dit la vérité ?

  • Mais je t'ai dit la vérité

  • Tu ne m'as pas dit qu'ils veulent nous acheter ces terres pour que passe par le col le chemin de fer.

    Ce fut à mon tour d'être assez embarrassé. Il avait tout deviné, sauf un argument que j'avais encore dans ma poche.

  • Mon frère, cela ne se fera jamais, et si ça se fait, quel dommage cela pourrait-il vous causer, à vous les Indiens ?

  • Quel dommage, mon frère ?

  • Oui, quel dommage ?

  • Si par la suite passe le chemin de fer, les chrétiens vous nous dire qu'ils ont besoin de plus de terres au sud, et ils vont vouloir nous chasser de là, et nous devrons aller au sud du Rio Negro, sur les terres basses, parce qu'entre le Rio Colorado et le Rio Negro, il n'y a aucune terre assez bonne pour qu'on puisse y vivre.

  • Cela ne se produira pas si vous observez scrupuleusement le Traité de Paix.

  • Non, mon frère. Les chrétiens disent que le mieux est d'en finir avec nous.

  • Quelques uns croient cela ; les autres pensent, comme moi, que vous méritez notre protection, qu'il n'y a aucun inconvénient à ce que vous continuiez à vivre où vous vivez, si vous respectez vos engagements.

    L'Indien soupira comme pour dire : Si cela pouvait être ainsi...

  • Mon frère, en toi j'ai confiance, je te l'ai déjà dit, arrange les choses comme tu veux.

    Je ne lui ai pas répondu, je lui jetai un regard scrutateur, et je ne découvris rien : sa physionomie avait son expression habituelle. Mariano Rosas, comme tous les hommes habitués à commander, avait une grande maîtrise de lui-même.


  • Indiens Ranqueles



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