Mónica Echeverría
Le 3 janvier de cette année est morte à 99 ans Mónica Echeverría, qui fut écrivaine, professeure, actrice, metteuse en scène et activiste chilienne. Elle est considérée comme une des plus remarquables figures du féminisme et de la culture de son pays. Son dernier vœu fut d'être enterrée en rendant hommage, avec un bandeau sur l'oeil, aux victimes de la répression lors des manifestations contre le gouvernement de Sebastian Piñera.
Elle écrivit notamment « Le vol de la mémoire » avec sa fille, qui réside à Paris, sur le rêve collectif durant le gouvernement de Allende qui se transforma en horreur avec le coup d'Etat de Pinochet. Malheureusement ce livre, qui fut traduit en français, est désormais épuisé et introuvable en France.
José Saramago en a écrit le prologue :
Je crois que toutes les paroles que nous allons prononcées, tous les mouvements et gestes, accomplis ou simplement ébauchés, que nous allons faire, chacun et tous ensemble, peuvent être compris comme des pièces sorties d'une autobiographie non intentionnelles qui, même involontaire, n'en serait pas moins sincère et vraie que le plus minutieux des faits d'une vie passée au crible de l'écriture et du papier. Ma conviction est que tout ce que nous disons et faisons, y compris ce qui semble manquer de signification et d'importance, est une expression autobiographique. Et un jour, tous les êtres humains devront relater leurs moindres faits et gestes (à l'exception évidemment de leurs derniers moments) et quand ces milliers de millions de volumes n'auront plus de place sur la Terre, on les transmettra sur la Lune. Cela signifie que la grande, l'énorme, la gigantesque, la démesurée, l'immense bibliothèque de l'existence humaine devra être divisée en deux, et ensuite, avec le temps, en trois, en quatre, ou en neuf, en supposant que les huit autres planètes de notre système solaire auront des conditions climatiques supportables pour la fragilité du papier. De cette manière, on peut imaginer que les faits de toutes ces vies modestes et simples, seront relatés dans une demi-douzaine de volumes que l'on pourra envoyer à Pluton, la plus lointaine de nos planètes, là où rarement iront voyager les critiques...
Evidemment les problèmes vont surgir quand il s'agira de définir les critères de composition d'une telle bibliothèque spatiale. Il est indiscutable que des œuvres comme celles de Kafka, Virginia Woolf, Jean-Jacques Rousseau par exemple devront rester sur la planète où elles ont été écrites parce qu'elles sont un témoignage du passé et qu'elles ont laissé, à tort ou à raison, une marque, une influence, une présence qui ayant perdurée jusqu'à nos jours, seront certainement conservée par les générations à venir. Pour les autres, il est difficile de faire une sélection pour savoir dans quelles planètes les envoyer, mais il faudra bien faire une place à tous ces monstres que l'humanité a générés. Je ne citerai pas de noms pour ne pas salir une page que je veux maintenir propre pour que je puisse parler de Monica Echevarria et de sa fille Carmen Castillo.
Il ne fait aucun doute que Les vies parallèles, la fameuse œuvre de Plutarque ainsi que la vie des hommes illustres, devront demeurer sur la Terre, et comme ce livre « Le vol de la mémoire » doit rester proche de notre cœur, tellement nous en sommes reconnaissants à celles qui l'ont écrit, on doit le trouver sur cette planète et au plus près de nous.
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