Victor Winer
Víctor Winer (Buenos Aires, 14 février 1954) passa une grande partie de sa jeunesse à Rosario. A 18 ans, il est revenu dans sa ville natale où il fit ses premiers pas dans le théâtre, d'abord comme acteur, puis assez rapidement comme auteur.
Ampelmann (2012) Un Argentin a laissé sa famille pour militer à Berlin. Il revient deux ans plus tard et trouve sa famille dans d'autres disposition, notamment sa femme qui vit avec un autre homme...
MERE – (ne sachant si elle reprend son mari ou si elle garde Alvaro) Les meilleures décisions, je les ai prises quand j'avais quelque chose sur ma planche à repasser. C'est quand je repasse quej'aie les meilleures idées.
MARIELA – Vous avez quelque chose à repasser ?
MERE – Non.
MARIELA – Alors laissez le destin décider pour vous.
MERE - Je ne peux pas m'en aller réfléchir et les laisser seuls. Regarde-les, ils sont tout près de se mettre sur la figure. Pourquoi tout est-il si compliqué ? J'ai peur de choisir et de faire une erreur.
MARIELA – Laissez parler votre cœur.
MERE – Mon cœur, ça fait des années qu'il ne me parle plus.
MARIELA – Alors il ne reste plus que de tirer au sort pour savoir avec qui vous allez rester.
FILS – Comment ça ! On va tirer au sort mon papa ?
MARIELA – Il n'y a rien de mal à ce que Alvaro et ton papa soient tirés au sort : le hasard est beaucoup plus intelligent que nous. Dieu jette les dès avant de prendre une décision.
FILS – D'où tu sors cela ?
MARIELA – Si tu lisais un peu plus, tu saurais que Einstein le répète tous les jours.
PERE – Je t'ai dit que ta future épouse est une femme très intelligente.
FILS – Bon papa, qu'on tire au sort une bonne fois et que tu te taises définitivement.
ALVARO – Moi, je ne veux pas d'un tirage au sort ; je n'ai jamais eu de chance aux jeux. Je suis sûr que je vais encore être le perdant. Marta, si tu penses que notre histoire se termine, je m'en irai sans jamais revenir. J'ai déjà eu ma récompense : les deux années que j'ai passées avec toi furent les plus belles de ma vie.
PERE – Maudit boiteux !
MERE – Ne l'appelle pas boiteux ! Toi, tu as la cervelle dérangée et personne ne te traite de fou à longueur de journée. Alvaro, je ne veux pas que tu t'en ailles, mais ça me ferait du mal de perdre Miguel. Vous êtes les deux parties de ma vie, mais un tirage au sort me paraît injuste.
MARIELA – Et vous n'avez pas pensé conserver les deux ?
Un temps. La mère reste silencieuse, puis son visage s'illumine.
MERE – Apportez-moi ma planche à repasser.
FILS – Mais maman, tu ne vas pas te mettre à repasser maintenant.
MERE – Si, je vais repasser, c'est comme ça que me viennent les idées. En plus, il y a dans cette maison beaucoup de choses qui me chiffonnent.
On lui apporte la planche à repasser.
MARIELA – Mais vous avez dit que vous n'aviez rien à repasser.
MERE – Miguel, enlève ton pantalon.
PERE – Mais tout le monde va me voir en caleçon...
MERE – Il en a bien besoin, ce pantalon, il est tout en accordéon. Et toi, Camilo donne-moi ta chemise. (ils s'exécutent)
MARIELA (ôtant son corsage) Moi aussi, j'ai quelque chose à repasser.
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