Andrés Binetti
Andrés Binetti est professeur à l'Université de Palermo . Actuellement, il est directeur du Festival National de Buenos Aires. Il a publié et mis en scène "Llanto de perro" de Nueva Dramaturgia Argentina, "Cangrejal", "Una caja blanca" et « Le projet Posadas », du nom d'un chef révolutionnaire des années 70.
Mais il a écrit aussi en 2018 «Petit Hotel Chernobyl», qui est le nom d'un petit hôtel minable où se retrouvent quatre femmes : une joueuse de tennis qui voudrait devenir professionnelle, une entraîneuse assez douteuse, une enseignante qui a quitté le métier et une jeune fille qui ne quitte jamais son lit. Quatre femmes qui décident d'aborder la réalité par un autre côté, celui de l'irréalité. Entrer dans l'irréel, c'est aussi se protéger.
« Ce qui arrive se passe seulement dans la tête des comédiennes et l'idée est que cela passe aussi dans la tête des spectateurs. C'est une pièce qui est rythmée par le silence ; il y a peu d'action. Le plus important c'est ce qui ne se dit pas. » déclare Andrés Binetti.
HELIDA – Qu'est-ce qu'il y a, Magda ? Tu peux me dire ce qu'il se passe ?
MAGDALENA – C'est que tout ça ne sert à rien. Tu te rends compte que je n'ai jamais gagné un match depuis que tu m'entraînes ? Jamais. Ca n'a pas de sens de continuer ; il faut penser à faire autre chose.
HELIDA – Tu sais ce qu'il se passe ? C'est que tu n'as pas confiance, voilà ce qu'il y a. Si tu avais confiance, nous serions déjà à Roland Garros, mais non, toi, tu penses à autre chose, tu inventes des déguisement pour chiens. Tu crois que Vilas pensait à ça quand il était numéro 1 ? Dis-moi, tu crois que Gabriela Sabatini pensait ouvrir une boutique de parfums quand elle gagnait l'open de Paris ? Hein ? Non, non ! Tu dois être à ce que tu fais. Tu dois te concentrer. C'est tout ce que tu as à faire.
MAGDALENA – C'est que je ne sens pas, la partie commence et je ne sens pas la balle.
HELIDA – C'est cela le manque de concentration. Tu dois avoir plus de confiance en toi et en moi, tu comprends ? Tu as vu le type ?
MAGDALENA – Quel type ?
HELIDA – Le type qui avait un écusson jaune. Il était l'agent de Sabatini quand elle était jeune.
MAGDALENA – Non, je ne l'ai pas vu.
HELIDA – Il est venu voir ton match.
MAGDALENA – Vraiment ?
HELIDA – Oui, et il m'a posé des questions sur toi.
MAGDALENA – Sérieusement ?
HELIDA – Oui, il m'a dit : cette fille a un très bon revers.
MAGDALENA – Et quoi encore ?
HELIDA – Que tu as un avenir. Il m'a dit : elle a un avenir ; ça se voit qu'elle a un talent inné.
Mais il faut qu'elle s'entraîne plus.
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