La demeure d'Astérion


 

Dans un court récit, J. L. Borges analyse les conditions psychologiques de celui qui a un labyrinthe pour demeure. La demeure d’Astérion raconte le quotidien de cette chimère dans un espace où il se sent comme chez lui.


Jorge Luis Borges

La demeure d'Astérion


(…) Je méditais sur ma demeure. Toutes les parties de celle-ci sont répétées plusieurs fois. Chaque endroit est un autre endroit. Il n'y a pas un puits, une cour, un abreuvoir, une mangeoire ; les mangeoires, les abreuvoirs, les cours, les puits sont en nombre infini. La demeure a l'échelle du monde ou plutôt, elle est le monde. Cependant, à force de lasser les cours avec un puits et les galeries poussiéreuses de pierre grise, je me suis risqué dans la rue, j'ai vu le temple des Haches et la mer. Ceci,je ne l'ai pas compris, jusqu'à ce qu'une vision nocturne me révèle que les mers et les temples sont aussi en nombre infini.


Rosalba Campra

Dire non


Astérion découvre l'écrit dans le livre que tout labyrinthe conserve, que pour sortir du labyrinthe il suffit de le nier, et que dans la labyrinthe même se trouve la négation. Alors il efface le l, le a, le b, le y, le r, le t. L'incrédule susurre la syllabe qui est restée, et l'écho restitue un fracas d'éboulement. Déjà sans murs pour le défendre, autour de lui il voit l'immense rondeur de la pampa ou, dans d'autres versions, la répétition également sans sortie possible du damier que dessinent les gratte-ciels.  





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