Mario Diament
Tango perdido de Mario Diament
Valeria Durán, une diva du cinéma argentin dont la réputation a dépassé les frontières, disparaît un beau jour dans des circonstances mystérieuses alors qu'elle est au zénith de sa carrière.
Personne
ne connaît le lieu de sa retraite, ni les motifs de son
éclipse.
Vingt
ans plus tard, Diego Golstein, un journaliste ambitieux d'un
hebdomadaire, la découvre dans un luxueux hôtel de Miami où elle
réside. Il réussit à la convaincre de lui accorder une
interview.
Mais
rien ne se passe comme prévu. La rencontre en la diva et le
journaliste se transforme en un jeu diabolique, où l'un et l'autre
prennent l'avantage alternativement jusqu'à ce qu'apparaisse un
cadavre inattendu...
DIEGO – Vous dites que vous faites attention à moi, mais je suis sûr que vous ne vous souvenez même pas de mon prénom.
VALERIA – C'est quelque chose comme Rodrigo...
DIEGO - Non.
VALERIA - Juan, alors...
DIEGO – Je m'appelle Diego.
VALERIA - Diego? Allons pour Diego! Qu'est que ça fait ? Le mien, ce n'est même pas Valeria et on m'a appelée comme ça toute ma vie. Vous êtes vraiment arrogant, mon cher. Qu'est-ce qu'on en à faire que vous vous appelez, Diego, Juan, Eleutorio ou Georges ! De toute façon, on l'oubliera aussitôt votre prénom. Moi, je ne retiens jamais les noms.
Un temps. Elle boit une autre coupe de champagne, Diego en profite pour mettre en marche le magnétophone.
DIEGO - (vexé) Je me demande si vous être vraiment la personne que je m'attendais à trouver.
VALERIA – Je le suis, mon cher, malheureusement. Vous êtes très déçu ?
DIEGO – Oui... Je veux dire, non. Je vous suspecte de vous construire un personnage pour me scandaliser. Je n'ai pas raison ?
VALERIA – Au mieux... Au mieux je ne suis qu'un personnage d'un film oublié. Ce qui est terrible, mon cher, ce que je ne le sais pas. Je suis absolument sincère. Cela me déconcerte autant que vous. Parfois, pour vous dire la vérité, je ne sais pas qui je suis. Je me lève le matin en étant une personne et le temps de me laver les dents j'en suis une autre. Vous comprenez que ça peut être horrible ? Etre là face au miroir, avec la sensation de laver les dents d'une autre...
DIEGO – Bon, avec tous ces rôles que vous avez joués... C'est assez normal, banal.
VALERIA – Pas si banal. J'ai tué tant de gens au cinéma et au théâtre que je me demande si je n'ai pas tué quelqu'un en réalité... J'ai des hallucinations...
DIEGO – Bien, mais, pardonnez-moi, c'est absurde croire des choses comme ça.
VALERIA – Ca vous paraît absurde ? Moi, je vis terrorisée à cette idée.
DIEGO – Si vous aviez tué quelqu'un, cela se saurait...
VALERIA – Et comment on le saurait, dites-moi ? Si moi-même je ne le sais pas. Ce n'est pas le mort qui va raconter ! D'une façon ou d'une autre, il y a ici un cadavre qui traîne sans que personne ne sache à qui il appartient. Vous comprenez mon dilemme ?
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