Contra. La Revista de los Franco-tiradores
Les cinq numéros de Contra. La Revista de los Franco-tiradores sous la direction de Raúl González Tuñón, furent publiés entre avril et septembre 1933. C'est la revue qui a le mieux exprimer les problématiques esthétiques et idéologiques des années 30.Ses pages étaient le terrain où se retrouvaient les avant-gardes esthétique et politique : tout était fait pour prendre une part active à la construction d'une conscience révolutionnaire, sans le contrôle des idéologies.
Voici un article tiré du premier numéro de Contra
Dieu et le catholicisme
par Vicente Barbieri
Dieu n'a besoin que d'un beau paysage, une pensée juste, une émotion sincère, c'est à dire : la vérité. Le catholicisme a besoin d'un décorum, de candélabres, d'une messe dans une atmosphère propice qui permet la suggestion facile, c'est à dire : le sophisme.
Personne n'est plus éloigné de Dieu que le catholique. Un homme qui défriche la terre, tout en la couvrant de sueur et de blasphèmes, peut ne pas être catholique, mais Dieu guide sa main. Le prêtre qui lève le calice en simulant un miracle inutile, est indubitablement un catholique, mais Dieu l'a abandonné.
Le Dieu des catholiques est un dieu « standardisé » : le rite, la parole sacrée, les cloches à l'heure dite... Il se différencie du Dieu de l'homme libre qui sait rire et pleurer avec lui.
Dans le catholicisme, tout instinct doit être réprimé en toute circonstance, sans aucune forme de sincérité. Et pourtant Dieu est une impulsion sincère, parce que Dieu nous oblige à nous montrer tels que nous sommes, sans la nécessité d'un décorum, et souvent malgré ce décorum.
La preuve, c'est que l'homme n'a pas besoin de Dieu pour savoir ce qui est bien ; il lui suffit que son Dieu instinctif ait une place dans son intimité.
Une autre erreur du catholicisme, et peut-être la pire : l'absolution des péchés. Ne pardonnons pas les péchés ! Purgeons-en nous intérieurement, avec douceur, baignant l'âme dans chaque expiation, et nous nous sentirons comme lavés de la main de Dieu.
Dieu n'est pas, ne peut être cette vague essence, que veulent fixer (sans y arriver) les catholiques.
Un nouveau-né, même s'il n'a pas reçu le baptême, est un message de Dieu qui, selon Tagore, nous dit : « J'attends encore quelque chose de vous. »
Rien, ni personne, n'est autant une preuve de l'existence de Dieu que cet oiseau qui chante dans le feuillage.
« Les bêtes n'ont pas d'âme » objecteront les catholiques. Mais combien de fois l'homme n'a pu distinguer la présence de Dieu qu'à travers l'âme limpide des animaux ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire