El Ojo Mocho, revue de critique culturelle
El Ojo Mocho,revista de Crítica Cultural (on peut traduire El Ojo Mocho par l'oeil mutilé) fut publiée à Buenos Aires entre l'été 1991 et le printemps 2008. Sont sortis 21 numéros en 17 livraisons (il y a eu quatre numéros doubles). Le premier numéro s'interroge : Les sciences sociales ont-elles échoué en Argentine ?
Voici ce que répond Emilio de Ipola à la question de la revue :
Si nous nous situons en 1984-85, il semble qu'à cette époque surgit une nouvelle alliance entre les sciences sociales et la politique. On pourrait même dire que l'on assiste à un travail en commun : le sociologue à côté du politique.
C'est vrai, dans une certaine mesure les intellectuels se sont alors rendus compte qu'ils pouvaient jouer un rôle politique, et cela n'est pas mal. Avant, il y avait un préjugé selon lequel les intellectuels ne devaient s'engager dans rien de ce qui touchait au pouvoir établi, mais, vous avez raison, à partir de cette date, tout a changé. Déjà il n'y avait plus nécessairement de jugement moral contre celui qui collaborait avec le pouvoir en place ou conseillait un gouvernement comme celui d'Alfonsin. Ce fut, fondamentalement, en tant qu'idéologues -non dans le sens de cacher la réalité, mais de proposer de nouvelles idées- que quelques sociologues ont assisté certains fonctionnaires.
Par ailleurs, nous pouvons dire que le sociologue à Buenos Aires a toujours été à la fois sociologue et politologue tout simplement parce qu'il avait choisi la carrière de sociologue, et non celle des sciences politiques. C'est pourquoi, il me semble qu'il y ait peu de sociologues professionnels qui étudient la société. Et le rôle des sociologues est aujourd'hui bien plus réalisé par les démographes.
Le problème vient aussi de ce que le jeune qui s'engage dans les sciences sociales aujourd'hui veut d'abord publier pour montrer qu'il existe. Alors il utilise des articles de journaux, des études plus ou moins récentes, mais il ne va pas sur le terrain. C'est ainsi que nous avons des publications à ne plus savoir qu'en faire et que les gens des quartiers ne voient jamais un sociologue.
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