Jorge Luis Borges

 

Borges et Cansinos-Asséns

Rafael Cansinos-Asséns (1882-1964) fut en Espagne l'un des maîtres du jeune Borges.


A Rafael Cansinos Asséns


Longue randonnée sans fin sur l'impétueuse exaltation de l'aile du viaduc.

A nos pieds, le vent cherche les voilures, et les étoiles -cœurs de Dieu- battent intensément.

Transperces d'ombre, nous avons bien savouré le goût de la nuit, devenue une habitude de notre chair.

Ultime nuit de nos conversations, avant que ne s'élèvent entre nous les distances.

Nous partageons encore le silence où les mots resplendissent comme des prairies.

L'aube est encore un oiseau perdu dans la plus lointaine platitude du monde.

Ultime nuit à l'abri du grand vent de l'absence.

Douce résidence du cœur : poing d'un grave cavalier qui sait réfréner l'agile matin.

Entrailles de l'adieu tragique comme tous les événements que marque le Temps.

Il est dur de réaliser que nous ne partagerons plus les étoiles.

Quand le soir sera la quiétude de mon patio, sur ta page surgira le matin.

L'ombre de mon été sera ton hiver et ta lumière la gloire de mon ombre.

Mais nous sommes encore ensemble.

Et nos deux voix s'accordent encore, comme la tendresse et l'intensité aux couchers de soleil.



La imagen de aquel pueblo lapidado

y execrado, inmortal en su agonía,

en las negras vigilias lo atraía

con una suerte de terror sagrado.

Bebió como quien bebe un hondo vino

los Psalmos y el Cantar de la Escritura

y sintió que era suya esa dulzura

y sintió que era suyo aquel destino.

Lo llamaba Israel. Íntimamente

la oyó Cansinos como oyó el profeta

en la secreta cumbre la secreta

voz del Señor desde la zarza ardiente.

Acompáñeme siempre su memoria;

las otras cosas las dirá la gloria.



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