Ramiro Oviedo
Le ring du poète de Ramiro Oviedo
Entre les crochets de la langue et l'uppercut du réel, le poète franco-équatorien Ramiro Oviedo nous propose de monter avec lui sur le ring.
Sac de frappe, leçon de vie et de lutte, hommages rendus à quelques poids lourds de la poésie : à travers douze rounds animés par la rage des mots, Ramiro Oviedo évoque son pays natal, son amour pour la boxe, et nous partage un art poétique aussi rude que nécessaire.---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Ramiro Oviedo publie un nouveau recueil de poèmes, et comme d'habitude, ce sont des textes qui frappent.
Le poète vit sur le ring
Pas de vendanges
Pas de printemps
Il est sans répit sur le ring de la vie
Pas de saison des amours
Par arrêté du journal officiel
La détresse
Le désespoir
Les trous noirs
Parfois une petite lumière
C’est le pain de chaque jour
Le vrai poète
Est un éboueur 24h/24, 7J/7
On se souvient qu'Arthur Cravan avait été boxeur, puis poète. Ramiro Oviedo est les deux en même temps. Et quelle force, quelle énergie! Pas de vers mièvres vers le milieu du volume. Rien à retrancher. Il faut accepter ces coups de poings et savoir qu'on n'en sera pas épargné. On se dit qu'il ne va pas tenir douze rounds à ce rythme-là, mais ne vous inquiétez pas pour lui. On le croit au tapis et
Il était en chair et en os le poète de la rue
Il crachait des oiseaux, des gouttières
Parfois il éructait des cormorans
Qu’il vendait sur des feuilles reprographiées...
Je sais comme il peut fulminer dans son coin, sur son tabouret à trois pieds, envoyant promener son soigneur, ignorant les conseils de prudence de l'arbitre qui l'implore de jeter l'éponge. "Jetez l'éponge où vous voulez, moi, je continue!" enrage-t-il. Entre deux rounds, il n'a rien à recracher à part ses invocations à Gelman, Benedetti, Nazim Hikmet, Serge Pey, Vallejo, Nicanor Parra... Comme poète, il ne met pas de gants, mais comme boxeur, il ne met pas sa langue dans sa poche.
Pourtant une profonde humanité l'entoure d'un halo comme on fait maintenant pour l'arrivée des vedettes sur un ring ou une scène. La salle est plongée dans le noir et Ramiro s'avance sous les projecteurs dans une sono criarde, mais lui, il se baisse bientôt pour ramasser un petit papier, pour donner un coup de coude à un copain, pour saisir au vol une boucle d'oreille qui a glissé. Et une fois sur le ring, toute cette sensibilité persiste malgré la violence des frappes, des droites, des gauches. Chaque coup porte son message de générosité.
Commentaires
Enregistrer un commentaire