Conte argentin
L'autruche et le héron
Une autruche, les ailes déployées et le cou étiré, courrait la Pampa comme un être affolé, allant et venant de tous les côtés. Le printemps arrivait, et partout, on voyait les tero-teros, les canards, les perdrix, les pigeons et autres sortes d'oiseaux préparer leurs nids, travaillant avec zèle pour la prochaine couvée. Tous regardaient avec admiration l'autruche, mais personne ne comprenait qu'elle soit aussi agitée. Pour certains, elle était devenue folle. Comme ce n'est pas un animal facile, nul n'osait lui poser la question de savoir pourquoi elle courrait dans tous les sens, quand tous les autres animaux faisaient leurs nids dans le plus grand calme. Seul un héron, qui avait d'excellentes relations avec elle, se permit de lui dire que son comportement faisait jaser dans toute la contrée. L'autruche lui répondit qu'elle trouvait bien plus étrange le comportement des autres oiseaux qui faisaient des nids n'importe où et pondaient stupidement des œufs à la pelle.
- C'est ainsi que fait la poule, dit-elle, et ainsi l'homme, sans se fatiguer, en profite (et on sait pour quel usage). D'autres vont pondre dans des lieux inondables, ou à côté d'un trou à renards. Nous les autruches, qui n'avons pas d'autres éléments que ceux que nous apporte la nature, nous devons être prévoyantes et réfléchir à l'avenir. Cette année est une année de sécheresse ; il y aura peu d'herbes, et avant de fonder une famille, je dois voir d'abord où il serait bon que j'établisse mon nid, savoir combien d'oisillons je pourrai nourrir et élever un à un. Et pour cela, avant de me décider, j'étudie le terrain et je choisis là où ma famille sera en sécurité.
Gomez, Karina . Cuentos argentinos
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