Le tao du sexe

 


LE TAO DU SEXEde Ignacio Apolo et Laura Gutman


A partir de la mort du père d'Eugenio, et de la renaissance du désir de sa femme pour un homme plus jeune, le couple commence une remise en question qui passe par des rapprochements et des éloignements.

« La pièce, explique Ignacio Apolo qui est aussi le metteur en scène, est un défi pour les interprètes qui doivent en permanence parler ensemble ou séparément de leurs différences, leurs secrets, leurs rancœurs, leurs souvenirs, leurs vies quotidiennes. L'amour et l'impossibilité de communiquer, le désir et la routine, la peur, les habitudes, les pactes du silence, la sexualité, le corps, le regard...


Dans cette scène, ils sont dans une voiture qui est tombée en panne.

MALENA : Nous ne pouvons pas rester là toute la nuit !

EUGENIO : Ils vont me démanteler la voiture si je la laisse ici !

MALENA : Ah, parce que si tu restes dedans, ils ne vont pas oser peut-être ? Et pour le même prix, ils vont te séquestrer et te tuer, Eugenio. On y va, s'il te plaît !

EUGENIO : Moi, je ne bouge pas d'ici.

MALENA : Le taxi arrive, Eugenio. Allons-y. Rester ici, c'est dangereux.

EUGENIO : Vas-y, toi.

MALENA (descendant de voiture) Tu vas rester veiller sur ta voiture ?

EUGENIO : Ne dis pas de bêtises. J'attends la dépanneuse.

MALENA : Ce que tu es têtu... (elle monte dans le taxi)

MALENA : A Scalabrini Ortiz 3650, entre Gelly et Castex…

EUGENIO (seul) : Moi, je reste ici. (il essaie de démarrer ; le moteur fait un bruit, mais s'arrête aussitôt. Il grogne et frappe le volant) C'est bien. C'est bien, nous restons là.

MALENA (au public) : Son père est dans la chambre mortuaire ; au lieu de le veiller, il veille sur sa bagnole.

EUGENIO (effrayé par un bruit, il regarde à l'extérieur) Rien. (au public) Mon père m'a chargé de m'occuper de mon idiot de frère, Juan. Prends soin de lui, m'a-t-il dit. C'est à dire : file-lui de l'argent. Comme mon père a fait toute sa vie. Voilà la vérité. C'est la seule chose qu'il voulait me dire avant de mourir.

MALENA (au public): Je suis arrivée à la maison. Je crois que j'ai de la fièvre.

EUGENIO : Il a quoi ? Trente-deux ans ? Juan n'a pas de métier, juste l'auto de papa pour sortir faire la fête. Il fait le beau, le crâneur.

MALENA : Son père est sa prison. (à Eugenio) Ah, tu es rentré. Il est tard.

EUGENIO : Je n'ai jamais vu ça. Une partie du moteur a volé à travers le capot. Incroyable.

MALENA : Je ne me sens pas bien.

EUGENIO : Je ne comprends pas ce qui a pu se passer avec cette foutue voiture.

MALENA : Eugenio, je ne me sens pas bien.

EUGENIO : Tu te rends compte qu'il ne m'a parlé que de Juan. C'est se foutre de moi. Moi, j'ai étudié la nuit, j'ai passé des examens, j'ai bossé comme un cinglé... Pendant que l'autre se pavanait... Et maintenant, il faudrait que je le subventionne !


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