Tewfik El Hakim

 



Dans la pièce intitulée « Demain », nous sommes dans un futur lointain et les questions demeurent...


L'HOMME – Vous avez parlé de révolution...

LA BRUNE – Ce n'était qu'une simple question.

PREMIER PRISONNIER – Oui. J'ai demandé si les gens ne se révoltaient jamais ?

L'HOMME – Non, monsieur. Les gens ici ne se révoltent pas, parce que ce sont eux qui ont librement choisi leur gouvernement. C'est le parti de la majorité qui gouverne aujourd'hui. L'autre partie, qui a échoué aux élections, doit respecter le statu quo, et non pas se révolter.

LA BRUNE – Nous n'avons pas pensé à provoquer une révolution !

PREMIER PRISONNIER – Absolument pas !

L'HOMME – Quels moyens envisagez-vous donc ?

PREMIER PRISONNIER – Peut-être éclairer les esprits... N'est-ce pas dans nos droits ?

L'HOMME – Vous avez parlé de briser les machines et les appareils.

PREMIER PRISONNIER – Ce n'était pas sérieux...

L'HOMME – C'est là l'élément illégal qui nous a amenés. Vous savez, mademoiselle, que votre parti lui-même ne l'approuverait pas. Il s'est emparé, il y a quelques années, du pouvoir. Il n'a pu exécuter son programme, il n'a pas osé arrêter une seule machine, de crainte d'affamer les gens ou de troubler leur vie quotidienne, ce qui aurait soulevé tout le monde contre lui. Il a préféré la paix et s'est contenté de certains projets relatifs aux lettres et aux arts...

PREMIER PRISONNIER – (à la brune) Est-ce vrai ?

LA BRUNE – Oui, mais qui a dit que j'approuve tous les agissements de mon parti ? J'ai mon opinion personnelle.

PREMIER PRISONNIER – Naturellement. Nous avons, vous et moi, notre opinion personnelle !...

L'HOMME – Votre opinion personnelle ne nous regarde pas. C'est l'expression de cette opinion qui nous intéresse.


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