Arméniens en Egypte
Le grand moment de la communauté arménienne d’Egypte commence avec la modernisation du pays au XIXème siècle par le Vice Roi Mehmet Ali. Celui-ci s’appuie grandement sur un homme arménien, Nubar Nubarian. Il devient le premier Premier Ministre d’Egypte, et est le premier chrétien à obtenir le titre de pacha. Aujourd’hui encore, il existe de nombreuses rues Nubar Pacha en Egypte. Dans sa perspective de modernisation, Mehmet Ali fait également appel à de nombreux étrangers, parmi lesquels plusieurs arméniens ottomans répondent à l’appel. Ils participent avec les autres communautés au dynamisme de l’Egypte du XIXème siècle.
Après Nubar, plus aucun Arménien n'occupera une place au gouvernement. Les persécutions survenues en Turquie provoquent deux vagues d'émigration, en 1894-1896 et en 1915. Cette arrivée en Egypte de milliers de réfugiés conduit à développer fortement les structures communautaires : associations de bienfaisance, écoles, clubs sportifs, journaux... Au Caire et à Alexandrie, les Arméniens se distinguent dans des domaines très divers, comme la joaillerie, l'imprimerie ou la photographie.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale quelque quatre mille personnes quittent l'Egypte pour s'installer en Arménie soviétique. Puis, dans les années 1950 et 1960, au plus fort de la période nassérienne, on assiste à de nombreux départs pour le Canada, les Etats Unis ou l'Australie.
C’est en 1928 que Boghos Nubar pacha, fils de l’ancien premier ministre d’Égypte, chef de la Délégation nationale arménienne et fondateur de l’Union générale arménienne de bienfaisance (UGAB) fonda une bibliothèque arménienne dans l’immeuble qu’il avait fait ériger square Alboni, dans le 16e arrondissement de Paris.
Longtemps placée sous la responsabilité d’Aram Andonian, un ancien journaliste d’Istanbul qui fit partie de la rafle des intellectuels et notables arméniens du 24 avril 1915, dont il fut l’un des rares rescapés, la bibliothèque s’enrichit rapidement des collections léguées par plusieurs hommes politiques et bibliophiles arméniens de la diaspora. Conçue comme un foyer pour les études arméniennes et orientales, la bibliothèque rassembla également, dans une optique plus politique, des archives qui pourraient permettre d’éclairer la question arménienne et servir des revendications nationales. Dans un contexte marqué par la destruction et la dispersion des Arméniens de l’Empire ottoman après le génocide, elle se vit assigner le rôle de conservatoire de la mémoire arménienne.
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