Conte populaire de l'Egypte ancienne
Le monument qui nous a conservé ce curieux récit est une stèle découverte par Champollion dans le temple de Khonsou à Thèbes, enlevée en 1846 par Prisse d’Avenue et donnée par lui à la Bibliothèque Nationale de Paris.
LA FILLE DU PRINCE DE BAKHTAN ET L’ESPRIT POSSESSEUR
Et il arriva en l’an XV, le 22 du mois de Payni, comme Sa Majesté était à Thèbes la forte, la reine des cités, occupé à faire ce pourquoi il plaît à son père Amonrâ, maître de Karnak, en sa belle fête de Thèbes méridionale, le séjour favori où le dieu est depuis la création, voici qu’on vint dire à Sa Majesté : « Il y a là un messager du prince de Bakhtan, qui vient avec beaucoup de cadeaux pour l’épouse royale ». Amené devant Sa Majesté avec ses cadeaux, il dit en saluant Sa Majesté : « Gloire à toi, Soleil des peuples étrangers, toi par qui nous vivons », et, quand il eut dit son adoration devant Sa Majesté, il se reprit à parler à Sa Majesté : « Je viens à toi, Sire, mon maître, au sujet de Bintrashît, la sœur cadette de la royale épouse Nafrourîya, car un mal pénètre ses membres. Que ta Majesté fasse partir un savant pour la voir ». Lors, le roi dit : « Amenez-moi les scribes de la double maison de vie qui sont attachés au palais ». Dès qu’ils furent venus, Sa Majesté dit : « Voici, je vous ai fait appeler pour que vous entendissiez cette parole : « Amenez-moi d’entre vous un habile en son cœur, un scribe savant de ses doigts ». Quand le scribe royal Thotimhabi fut venu en présence de Sa Majesté, Sa Majesté lui ordonna de se rendre au Bakhtan avec ce messager. Dès que le savant fut arrivé au Bakhtan, il trouva Bintrashît en l’état d’une possédée, et il trouva le revenant qui la possédait un ennemi rude à combattre. Le prince de Bakhtan envoya donc un second message à Sa Majesté, disant : « Sire, mon maître, que ta Majesté ordonne d’amener un dieu pour combattre le revenant ».
Dès que ce Dieu fut allé au lieu où était Bintrashît et qu’il eut fait les passes magiques à la fille du prince de Bakhtan, elle se trouva bien sur-le-champ.
Le prince de Bakhtan se réjouit grandement ainsi que tous les gens de Bakhtan, et il s’entretint avec son cœur, disant : « Puisque ce Dieu a été donné au Bakhtan, je ne le renverrai pas en Égypte ». Or, après que ce Dieu fut resté trois ans et neuf mois au Bakhtan, comme le prince de Bakhtan était couché sur son lit, il vit en songe ce Dieu sortant de sa châsse, en forme d’un épervier d’or qui s’envolait vers l’Égypte ; quand il s’éveilla, il était tout frissonnant. Alors il dit au prophète de Khonsou qui règle les destinées en Thèbes : « Ce Dieu qui était demeuré avec nous, il retourne en Égypte : que son char aille en Égypte ! » Le prince de Bakhtan accorda que ce Dieu partît pour l’Égypte, et il lui donna de nombreux cadeaux de toutes bonnes choses, ainsi qu’une forte escorte de soldats et de chevaux.
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