Joyce Mansour

 




Chant arabe


L’œil bascule dans la nuit au moment du trépas

O la blanche fulgurante folie des ailes qu'on ne connaît pas

Ouatées de silence elles frôlent le bras sur l'oreiller

Et ouvrent l’œil rond à la nuit de l'impalpable

Le froid tisseur de tubéreuses trépigne sur ma pupille

Je vois glisser la tenture mobile de l'horizon qui rutile et qui s'agite

Telle une peau frémissante sur un corps qui se dérobe

La houle feutrée de mon abdomen se fige de peur démente

J'éternue mais je ne bouge pas

Et l’œil qui cloître mes rêves qui nage et qui clignote

L’œil envahit mes nuits

La nuit la nuit l'orage

L’œil éblouissant aux floraisons étranges

L’œil malade d'images


Rapaces (1960)


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