Gazbia Sirry
Certains ont vu en sa disparition la fin d’une époque. Gazbia Sirry est née en 1925, elle fait donc partie de ceux qui ont grandi dans le sillage de la Révolution de 1919, cette génération d’artistes plasticiens dits des années 1940, lesquels ont bouleversé les normes. Ils étaient rebelles, modernes, parfois politisés, engagés ou marqués idéologiquement, ouverts sur tous les courants de la peinture, en même temps très authentiques. Comme eux, elle a peint la vie des petites gens, cependant, sa famille appartenait à une classe relativement aisée.
Avec Tahia Halim et Inji Efflatoun, elle est considérée comme l’une des grandes dames de la peinture égyptienne. Décédée le 10 novembre dernier à l’âge de 96 ans, elle a continué à exposer presque jusqu’à la fin de sa vie, passant parfois de la peinture à l’aquarelle, sans cesser de nous étonner de par sa profonde lecture sociologique. Car Gazbia Sirry jouait dans ses dernières expositions sur les contradictions d’une Egypte immobilisée qui stagne, en interrogeant les clivages qui ne peuvent être contournés. Elle jouait à cache-cache avec le public, lui donnant des repères qu’elle lui reprenait aussitôt pour que sa réflexion se poursuive dans la complexité et non pas dans des idées toutes faites.
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