Le Shah voleur
On raconte qu'au temps de nos grands-parents la ville d'Aphrasiabad était devenue le théâtre d'une série de vols et de brigandage. Les habitants qui se rendaient au marché en étaient pratiquement réduits à se pincer le nez, de peur qu'on ne leur dérobât sans qu'ils s'en aperçussent.
Pas un jour ne passait sans que quelqu'un fût volé, mais on ne parvenait jamais à prendre les coupables. Les gardes de la ville n'étaient bons qu'à faire du bruit avec leurs lances. A la fin, le Shah d'Aphrasiabad devint à ce point irrité qu'il interdit un soir à toute personne de sortir ou de faire du feu. Et, lui, armé d'une grosse hache parcourut la ville. Il tomba sur trois cavaliers, se présenta comme un voleur qui connaît bien les trésors de la ville, et il leur dit :
« Mon clin d'oeil est doté d'un pouvoir magique : même si le bourreau est en train de lever son épée pour porter le coup fatal, il me suffit de saisir son regard et de fermer une paupière pour qu'il épargne la vie du condamné. »
Les trois voleurs se concertèrent et à la fin, ils parlèrent :
« Nous n'avons peur de rien au monde excepté du bourreau du Shah ; tu es exactement le compagnon qu'il nous fallait. »
Et guidé par le Shah, ils prirent tout l'or qu'ils désiraient. Puis, ils gagnèrent leur repaire où s'entreposait déjà beaucoup de richesse. Le Shah eut sa part et il rentra au palais de nuit. Il envoya immédiatement un escadron de soldats pour capturer les voleurs dans leur grotte.
Le lendemain sur la grande place, le bourreau se préparait à officier quand un des voleurs dit :
« Oh grand Shah, est-il vrai qu'ici à Aphrasiabad tous les voleurs ont la tête tranchée ?"
« Evidemment, tous les voleurs.» répondit le Shah .
« Alors que le bourreau exécute la sentence en commençant par vous, grand Shah, puisque vous étiez avec nous cette nuit pour voler dans la ville. En tant que Shah, vous devez être le premier à respecter la loi.»
« Mon Dieu, que faire ?» balbutia le Shah.
« Eh bien, utilisez votre pouvoir magique. Clignez de l'oeil au bourreau, mais assurez-vous que vous le faites quatre fois ! »
Alors le très puissant Shah d'Aphrasiabad cligna par quatre fois de l'oeil à son bourreau : une fois pour le voleur qui était beau parleur, une fois pour le voleur qui savait toujours trouver la trace de l'or, une fois pour le voleur qui n'oubliait jamais un visage, et finalement une fois pour le voleur qui était le Shah.
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