Mawlana
Après le succès et la controverse de la série «El Gamaâ» (Le mouvement) sur le parcours du créateur des Frères musulmans, Hassan El Bana, voilà qu'un nouveau film est en train de créer la polémique en Egypte et même dans certains pays arabes.
En effet le film «Mawlana» (Mon seigneur), adapté d'un roman du célèbre journaliste Ibrahim Aïssa, raconte l'histoire d'un prédicateur de télévision populaire qui lutte pour réconcilier ses principes religieux avec les pressions des politiciens et des services de renseignements, ainsi que les tentations humaines ordinaires. A travers le protagoniste, un érudit musulman d'El Azhar, le Centre centenaire d'apprentissage islamique du Caire, le film met à nu l'interaction complexe et troublante entre l'Etat, l'établissement religieux, les médias et l'extrémisme en Egypte.
Même si le film est un succès au box-office égyptien, il a néanmoins provoqué une réaction des dirigeants musulmans sunnites, dont certains appellent à interdire le film.
Sur le plan sécuritaire, le film est également considéré comme une menace sur la stabilité du pays, car au lendemain de la première du film, un kamikaze a tué 28 personnes dans une attaque revendiquée par l'Etat islamique dans la principale cathédrale chrétienne copte du Caire. Le film évoque également le soutien de l'Etat aux chrétiens coptes et mise sur la concurrence entre les chrétiens qui représentent 20% de la population égyptienne.
Le film «Mawlana» est un véritable succès au box-office, il a rapporté pour sa troisième semaine en salles 7,3 millions de livres égyptiennes (soit 388 300 dollars), ce qui est déjà un grand succès pour un film local. Trois aspects sont rejetés par les islamistes dans ce film: la relation ouverte entre la mosquée et les moukhabarate, mais aussi entre l'imam et les médias, dont la majorité est tenue par des communistes et des chrétiens. Il faut dire aussi que le film met l'institution religieuse d'Al Azhar dans un grand problème. Elle était considérée comme une institution honnête et pieuse, le film révèle que les imams sont des hommes qui peuvent commettre des péchés. Le réalisateur du film, Magdy Ahmed Ali, a réussi néanmoins à cerner le personnage et à offrir une image presque artistique du héros: l'imam. Les responsables d'El Azhar qui sont intervenus sur de nombreux plateaux de télévision ont dit que le film ternit l'image de l'islam de l'establishment. Sur le plan politique, le film obéit à la politique du président Abdel Fattah al-Sissi, ancien chef de l'armée, qui a renversé le président Mohamed Morsi en 2013 et dissous sa formation politique issue des Frères musulmans. Le film n'a pas été interdit mais fut bloqué dans de nombreux pays arabes, notamment au Liban et aux Emirats arabes unis.
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