Zaynab
Muhammad Hussein Haykal
Encyclopédie Universalis
Le réalisateur et l'actrice du film (1930) |
propos de Taha Hussein sur la naissance du roman arabe
Certaines idées ont la vie dure ! Voilà des décennies qu’on répète sottement, y compris à l’Université, que le roman arabe est né en 1914. Cette année-là, Muhammad Hussein Haykal publie en effet Zaynab, une très pathétique bluette pastorale dans laquelle la jolie paysanne qui donne son nom au roman doit se résoudre à abandonner celui qu’elle aime, beau mais pauvre, au profit d’un prétendant mieux doté.
Il se trouve que la fiction arabe moderne, bien plus ancienne et plus intéressante, est « née » en fait au milieu du XIXe siècle, quelque part au Levant entre Beyrouth, Damas et Alep. On peut dater son entrée en fanfare dans le concert des littératures du monde, avec la publication d’un authentique chef-d’œuvre, La Jambe sur la jambe de Fâris Chidiâq: mieux encore que la traduction française, la version anglaise, Leg over Leg, due à Humphrey Davies et plus récente, est un tour de force qui rend pleinement justice à son auteur).
Même s’il fallait absolument s’en tenir à l’Égypte – une tentation à laquelle n’a pas toujours su résister une histoire littéraire parfois chauvine et en tout cas désireuse de justifier la centralité du Caire dans l’espace politico-intellectuel arabe –, on trouve facilement des auteurs un peu plus anciens comme Mahmoud Khayrat (ou Mahmoud Tâhir Haqqi . Si l’on ne s’étonne qu’à moitié de constater que l’immense Jurjî Zaydân, Libanais émigré au Caire (et chrétien de surcroît), est inévitablement hors jeu alors qu’il a écrit, à partir de la fin du XIXe siècle, une bonne vingtaine de romans historiques qui ont toujours leurs lecteurs, on a du mal à s’expliquer l’oubli dans lequel reste tenu ‘Ali Moubarak Pacha un de ses contemporains, ministre de l’Éducation (entre autres fonctions) et auteur d’une sorte « roman de formation » intitulé ‘Alam al-dîn.
Commentaires
Enregistrer un commentaire