Zaynab

 

 Muhammad Hussein Haykal

Encyclopédie Universalis

Zainab est considéré comme le premier roman moderne égyptien. Cette publication de 1913 critique le sujet encore débattu du mariage arrangé. Muhammad Hussein Haykal l'a écrite lorsqu'il se trouvait à Paris.
Alors que s'achève l'adolescence de Zainab et que s'éveille sa féminité, elle est engagée de force dans un mariage avec Hassan. Malgré sa bonne nature, Ibrahim est le seul homme qui capture vraiment le coeur de Zainab. Mais en raison de règles sociales strictes, leur temps ensemble est limité et leur passion n'est jamais exprimée aux regards. Hamid, le cousin de Zainab tombe également sous le charme irrésistible de Zainab. Cependant, son mariage à Hassan et son amour envers Ibrahim la rendent inaccessible.


 Zaynab a exercé une profonde influence sur la littérature arabe, ce qui s'explique par le fait qu'il s'agit là du premier roman qui mette au premier plan le thème de l'existence paysanne. Les poètes continuaient, en effet, à imiter la poésie classique qui exprimait les besoins d'une société bédouine. Quant à la prose, elle a été, dès sa naissance, l'expression d'une élite citadine dont elle reflétait les préoccupations égocentristes.
Influencé par La Nouvelle Héloïse, Haykal donne pourtant une description assez idyllique de la vie des fellahs : « Malgré leur misère infinie, ils connaissent, grâce à leur endurance, une certaine forme de bonheur. Sur ces visages brunis par le hâle s'épanouit un sourire de contentement. » Cette conception lyrique de la vie des paysans a séduit le lecteur arabe et en particulier le citadin qui, lassé par le tumulte de la ville, rêvait de lieux paradisiaques où règnent calme, innocence et bonheur.

Le réalisateur et l'actrice du film (1930)


propos de Taha Hussein sur la naissance du roman arabe

Certaines idées ont la vie dure ! Voilà des décennies qu’on répète sottement, y compris à l’Université, que le roman arabe est né en 1914. Cette année-là, Muhammad Hussein Haykal publie en effet Zaynab, une très pathétique bluette pastorale dans laquelle la jolie paysanne qui donne son nom au roman doit se résoudre à abandonner celui qu’elle aime, beau mais pauvre, au profit d’un prétendant mieux doté.

Il se trouve que la fiction arabe moderne, bien plus ancienne et plus intéressante, est « née » en fait au milieu du XIXe siècle, quelque part au Levant entre Beyrouth, Damas et Alep. On peut dater son entrée en fanfare dans le concert des littératures du monde, avec la publication d’un authentique chef-d’œuvre, La Jambe sur la jambe de Fâris Chidiâq: mieux encore que la traduction française, la version anglaise, Leg over Leg, due à Humphrey Davies et plus récente, est un tour de force qui rend pleinement justice à son auteur).

Même s’il fallait absolument s’en tenir à l’Égypte – une tentation à laquelle n’a pas toujours su résister une histoire littéraire parfois chauvine et en tout cas désireuse de justifier la centralité du Caire dans l’espace politico-intellectuel arabe –, on trouve facilement des auteurs un peu plus anciens comme Mahmoud Khayrat (ou Mahmoud Tâhir Haqqi . Si l’on ne s’étonne qu’à moitié de constater que l’immense Jurjî Zaydân, Libanais émigré au Caire (et chrétien de surcroît), est inévitablement hors jeu alors qu’il a écrit, à partir de la fin du XIXe siècle, une bonne vingtaine de romans historiques qui ont toujours leurs lecteurs, on a du mal à s’expliquer l’oubli dans lequel reste tenu ‘Ali Moubarak Pacha un de ses contemporains, ministre de l’Éducation (entre autres fonctions) et auteur d’une sorte « roman de formation » intitulé ‘Alam al-dîn.


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