Une scène artistique en effervescence
Ward, de Mohamed Radwan |
Le centre des arts, au palais Aïcha Fahmi à Zamalek, accueille jusqu’au 14 mai l’exposition La Scène I. Ihab Al-Labban, directeur du centre, compte en faire un événement annuel, visant à mieux observer la scène artistique locale.
Cette première édition regroupe 96 artistes, qui participent chacun avec une seule oeuvre. « Devenu, en 1958, une propriété du ministère égyptien de la Culture, le palais a été transformé en un centre d’art en 1976. Il a été fermé en 2005, pour travaux de restauration. Ces travaux ont duré 12 ans. Puis il a été rouvert en 2017. Il a accueilli depuis une série d’expositions, intitulées Les Trésors de nos musées, qui ont eu un énorme succès. Et nous voilà de retour avec un autre événement de taille : La Scène », indique Al-Labban, qui est aussi sculpteur et commissaire de l’exposition en cours.
Adam et Eve, de Eman Osama |
Le rez-de-chaussée du palais serre les oeuvres les plus récentes, signées en 2022. Les deux statuettes en bronze de Hicham Abdallah, Adam et Eve, traitent du mystère de la création et évoquent la dualité de l’univers. Eman Osama expose un Adam et Eve conçus différemment, dans une immense peinture. Eve y apparaît plus fine, plus délicate, entourée de jasmins et d’oiseaux, vêtue d’une robe en petits carreaux multicolores. « L’exposition générale qui se tient tous les ans ne fait pas une belle place aux jeunes. Pourtant, en tant qu’enseignante à la faculté des beaux-arts de l’Université de Hélouan, je constate que lorsqu’un jeune artiste expose, en côte à côte avec son maître, il gagne en expérience et en confiance », affirme Eman Osama.
Rituels populaires, de Adel Sarwat |
Ahmed Qassem, l’un des artistes que l’on retrouve constamment au Salon des jeunes, qui se tient régulièrement au Caire, participe à l’exposition en cours avec une installation peinture intitulée Le Coton égyptien. A travers des fils blancs qui s’entremêlent, chacun peut contempler la croissance du coton et y voir l’image d’un monde confus, parsemé de conflits. « J’essaye d’observer les changements de la société égyptienne depuis la Révolution du 25 Janvier2011 », dit Qassem.
Une fille, de Hani Faisal |
A ses côtés, les oeuvres de plusieurs peintres de renom sont exposées : Le Café de Omar Al-Fayoumi ; Une Journée de travail de Fathi Afifi ; L’Expatrié de Réda Abdel-Rahman ; Les Villes du sel de Abdel-Wahab Abdel-Mohsen.
Une salle entière est réservée à une installation récente de Mahmoud Hamdi, mêlant monde botanique et formes géométriques. La première fois qu’il a exposé au Centre des arts, c’était en 2001, dans le cadre du « Salon des petits objets », alors que le graveur Salah Al-Méligui y a exposé pour la première fois en 1989. Aujourd’hui, il présente Sur le Nil, une peinture montrant la nature à l’état vierge. « Je suis dans l’attente des prochaines éditions de La Scène, une belle occasion de nous faire découvrir d’autres talents », s’enthousiasme Al-Méligui.
La Poupée, de Zeinab Al-Séguini |
Des oeuvres modernes
« A cause de la pandémie, plusieurs événements du monde plastique avaient été suspendues. Ceux-ci ont même perdu de leur éclat. La Scène n’est pas sans rappeler les séries d’expositions Art Now, tenues à la célèbre galerie Tate, à Londres. Au fur et à mesure, elles ont constitué une plateforme importante de la vie artistique », commente le sculpteur Hazem Al-Mestekawi, dont l’oeuvre est exposée au 2e étage, avec celles de Nazli Madkour et de Noha Nagui, sous le titre de Ce qui reste du labyrinthe. Il s’agit d’une installation géométrique, assez moderne, défiant l’espace classique du palais, dont le décor est fait d’ornementations et de murs tapissés.
Broderies de Aliaa Elgready |
Plus loin, expose Khaled Hafez, une installation, mêlant vidéo et peinture, abordant, non sans humour, l’Egypte mondialisée aux éléments culturels disparates : mythe pharaonique - pop art, sacré - commercial, mondialisation - iconographie ancienne. « J’ai recours aux super-héros populaires au pouvoir indéniable pour montrer comment les médias façonnent notre perception du monde », explique Hafez. Face à cette oeuvre, Chadi Al-Nochoukati expose une autre installation aventureuse, La Colonie de l’arc-en-ciel, où il se sert de la nouvelle technologie numérique pour évoquer l’ère post-industrialiste.
Le paradis de Abla
Le premier étage du palais est consacré aux oeuvres d’autres artistes confirmés. Ainsi, Sabri Mansour montre Les Vestiges du temps ; Zeinab Al-Séguini expose La Poupée ; Esmat Dawestachi Les Fêtes de la ville ; Moustapha Al-Razzaz Les Chevaliers ; Georges Bahgouri Le Mariage de Zolaykha ; Farouq Hosni son Rêve abstrait, etc.
La peinture toute récente de Mohamad Abla, Le Paradis, invite à la méditation. « Cette toile est différente de mes oeuvres qui soulèvent des questions sociétales. Elle nous plonge davantage dans la nature », conclut Abla, qui tient depuis quelques années un centre pour la caricature dans le village de Tunis à Fayoum, de quoi lui inspirer tant de paysages. C’est probablement son paradis.
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