Zeina Aref
Akoon (être) est une vidéo signée par la jeune réalisatrice et photographe égyptienne résidente en Angleterre Zeina Aref. Elle résume la force des femmes face aux préjugés d’une société masculine et conservatrice, en recourant à la danse.
Un texte poétique et symbolique est récité en arabe classique par la voix d’une femme : « On m’a répété maintes fois que je serais lapidée, que mon corps était une source de honte, car convoité par des ivrognes indomptables. On m’a dit maintes fois qu’en tant que femme, je n’ai pas de place dans ce monde. Ils me l’ont répété maintes fois, jusqu’à l’extinction de leurs voix. Alors là, j’ai décidé de danser, pour échapper aux braises, pour me frayer un chemin ».
Sous les feux des projecteurs, une femme en costume de danse orientale est debout devant un dais de mariage. Une autre, fixant le vide, fait le ménage dans une maison au décor classique. C’est ainsi que commence la vidéo d’Akoon (être), un court métrage de la jeune réalisatrice et photographe égyptienne résidante en Grande-Bretagne Zeina Aref, diffusée sur la plateforme Nowness.
Les rythmes de la musique orientale s’élèvent, les images montrant des visages de femmes se multiplient. Elles s’insurgent toutes par le corps, chacune à sa manière. Les mouvements de danse orientale sont réduits à quelques gestes symboliques.
La femme qui fait le ménage s’insurge, ses regards deviennent plus provocateurs. Les mouvements de danse contemporaine qu’elle exécute traduisent une force libératrice. Une troisième femme tient une faucille en main dans un champ, en portant des habits traditionnels. En une marche rapide et ferme, elle coupe tout ce qui barre son chemin. « Ce projet est le résultat d’un sentiment de frustration face aux conditions injustes que subissent les femmes. Cette frustration a été canalisée dans la vidéo pour prouver que toute femme peut choisir ce qu’elle veut être. Je me suis souvent investie dans des questions liées aux droits des femmes, celles-ci nourrissent une belle partie de mon travail. Je cherche à créer des oeuvres qui peuvent ouvrir un débat », explique la réalisatrice Zeina Aref. Et d’ajouter : « Le texte est rédigé par l’écrivaine talentueuse Chérine Abul Wafa, spécialement pour cette vidéo. Je voulais célébrer l’aspect poétique de la langue arabe, transmettre mon message, mais de façon poétique et abstraite ».
En dansant, les femmes font tomber les préjugés accablants. Leur lutte pour la liberté sort des carcans habituels. « On s’éloigne nettement de l’image péjorative de la femme en tant qu’être faible, aux droits bafoués. Bien au contraire, dans la vidéo, chacune des interprètes réussit à transformer l’espace autour d’elle. Cet espace qui aurait pu constituer sa cellule de prison », souligne la danseuse Nermine Habib.
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