LA PRESSE ITALIENNE APRÈS LA DÉFAITE EN ÉTHIOPIE en 1896
Une légende qui déforme légèrement les faits affirme que l'Éthiopie n'a jamais été occupé par des colons. Dans les années trente, l'Italie de Mussolini y parvient partiellement durant quelques années, puis il est défait par la résistance, aidée par la France et l'Angleterre. Mais le sujet du jour, ce sont les techniques de combat employées par les éthiopiens et le traumatisme italien. Ce n'est donc pas tout à fait exact d'affirmer que l'Éthiopie n'a jamais été occupée territorialement. Il y a eu en effet plusieurs tentatives de colonisation et elles ont toutes échoué. Mais c'est la défaite italienne en Abyssinie qui a été la plus marquante : « Après un combat désespéré les Italiens ont été finalement vaincus par une adversité implacable » : c'est ainsi que la une du New York Herald Tribune annonce, dès le 3 mars 1896, la nouvelle de la victoire éthiopienne. Cette défaite est également annoncée en Europe puis dans le reste du monde. La bataille d'Adoua n'est pas la première remportée par des troupes africaines contre une armée européenne, les Zoulous y sont également parvenu.
Arnaldo Cipolla, journaliste de guerre italien explique comment l'Italie dans une approche historique tente de justifier la défaite italienne : « la victoire militaire des éthiopiens ne respectait aucune règle de la guerre. Ils utilisaient des lions dont le rugissement audible à plus de deux kilomètres, faisait peur aux chevaux venus d'Italie. Nous étions obligé de progresser à pied dans les collines, quand sur le champ de bataille, ils étaient à dos de chevaux. Nombre de nos hommes ont été dévorés par ces animaux sauvages de toutes espèces qu'ils possédaient par centaines; des lions, mais aussi des guépards, et des hyènes, dressés pour la combat. Un seul de ces monstres peut en un éclair et par surprise, attaquer une dizaines d'hommes et à la nuit tombée, ces régiments nous ont fait beaucoup de mal. »
Les survivants de l'armée italienne à l'aventure éthiopienne, ont tous des récits similaires, qui se sont propagés en Europe après la bataille d'Adoua. Cette image a longtemps freiné les velléités coloniales sur ce territoire et son souverain a gagné en notoriété. Mais les Italiens de retour de cette campagne désastreuse qui s'est terminée par une fuite, ont refusé d'admettre que l'empereur, Ménélik II, était un noir. Noir, en plus se disant descendant de la dynastie Salomonide, donc de la lignée de la Maison de David, ils ne pouvaient l'accepter. La presse d'alors parle de soldats de type caucasien qui seraient devenus noirs à cause du soleil. Ces Ethiopiens, avec des régiments assistés de lions, ces hommes rusés et organisés, ne pouvaient pas, selon cette presse propagandiste et raciste de l'époque, être des Africains et défaire une grande nation comme l'Italie.
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