Hama Tuma


 Clinton et Monica Lewinsky

Les Joseph McCarthy du boudoir sont ressuscités, ils sont en train de conduire le pays, de façon insensée, sur le terrain d'un moralisme douteux. Le pire, semble-t-il, pour ce pauvre Bill Clinton, c'est qu'il ait menti et nié cette liaison.

En Afrique, au moins, nous sommes à l'abri de l'hypocrisie. Nous savons que nos dirigeants mentent. Nous avons une autre conception du péché. Nos présidents ne veulent pas reconnaître que la pauvreté est un péché, que la violence contre des innocents est un péché, que le corruption est un péché. Comment mettre sur un même plan l'adultère et le péché ?

Quant à l'Amérique, il aurait mieux valu, pour le salut de son âme, qu'elle demandât pardon pour la façon dont elle traite les descendants d'esclaves africains, pour la dévastation de l'Indochine, pour le renversement d'un Mossadegh ou d'un Nkrumah, pour l'assassinat d'un Lumumba ou d'un Allende, pour son soutien aux tyrans tels que Pinochet ou Mobutu, plutôt que d'humilier son président en lui demandant d'expier le péché d'une liaison extraconjugagle.

Au pire, Clinton sera destitué, sa vie changera mais ce ne sera pas sa fin. Au Congo, en revanche, Kabila aura de la chance s'il arrive à sortir du pays son corps bien gras et à prendre le chemin de l'exil, s'il échappe à la mort. Monica n'a pas fait de bien à Clinton mais, pour Kabila, une telle aventure aurait été une diversion bénie et un bienfait sans nom pour son image.

Le monde est injuste ! Mes sympathies à tous deux, Clinton et Kabila !

Afrique politiquement incorrect (1975)

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