Ethiopie - terre à vendre
En bradant ses terres, l’Ethiopie est devenue le nouvel « Eldorado » des investisseurs étrangers, mais la population n’en tire que très peu de bénéfices. Depuis 7 ans, le pays affiche une croissance à deux chiffres grâce à l’ouverture de ses frontières aux géants mondiaux de l’agroalimentaire, mais les emplois sont saisonniers, les salaires misérables, et les récoltes sont très peu redistribuées sur le marché local.
Les ONG parlent d’accaparement des terres, et même de néocolonialisme. Depuis la crise financière et alimentaire de 2008, les pays en voie de développement louent bon marché leurs terres arables à des multinationales étrangères, désireuses de sécuriser leur approvisionnement en matières premières agricoles. Les gouvernements, les investisseurs et la Banque mondiale se veulent rassurants : cet agrobusiness n’aurait aucune visée spéculative. Bien au contraire, affirment-ils, l’expérience et les technologies déployées seraient une formidable opportunité de modernisation agraire pour des pays qui tentent d’échapper à la spirale de la pauvreté.
La région de Gambela, en Ethiopie, off re un visage inattendu : des paysages vallonnés et verdoyants, des terres fertiles courant le long des pentes arrosées des hauts plateaux. Cet eldorado attise la convoitise de firmes indiennes, chinoises ou saoudiennes. Les exploitations dont elles tirent profit s’étendent à perte de vue. Interrogés, les responsables locaux évoquent vaguement leur contribution au développement économique du pays qui les accueille. Mais de l’indigence des Ethiopiens, il n’en est pas question.
Ignorant la notion de droit d’usage, l’Etat, seul propriétaire des terres, dessaisit les autochtones de leurs pâturages pour pouvoir les rétrocéder. Un programme de villagisation répond opportunément à ce Monopoly injuste. Les tribus nomades sont incitées, parfois sous la menace, à se regrouper dans des villages créés de toutes pièces, supposés abriter des infrastructures socio-éducatives. Peu à peu, l’agriculture familiale, qui faisait vivre 85 % de la population, et les coutumes ancestrales disparaissent inexorablement. Pire, en 2011, l’Ethiopie s’est retrouvée, une fois encore, prise au piège de la famine.
Ce documentaire illustre l’absurdité de notre système mondialisé : un peuple de paysans sans terre et ne maîtrisant plus son destin constate, le ventre vide, que le fruit de ses anciennes cultures part nourrir de lointaines contrées plus opulentes. Et se trouve réduit à attendre une aide alimentaire en provenance de ces mêmes pays…
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