Myriam Tadessé

Addis-Abeba 1920 - inauguration de la gare

 En juillet, Addis-Abeba se parfumait de terre mouillée et buvait goulûment les pluies torrentielles qui s'abattaient sur ses cambrures. Ivre et grelottante, elle s'ébrouait quelques instants, l ' après-midi, le temps de pisser son trop-plein d'eau et de retrouver un soleil vainqueur de ses nuages. Mais la rencontre tournait invariablement à l'orage, et le soleil, évincé, n'avait plus qu'à pleurer jusqu'à la joute suivante. Au mois de septembre, la saison des pluies se retirait dans l'apothéose d'un étincelant manteau de fleurs jaune d'or, les fleurs de la maskal, qui annonçait les fêtes de la Croix.

On raconte que l'impératrice Taitu, épouse du grand roi Ménélik II, tomba amoureuse de ce manteau de fleurs du haut de la montagne d'Entoto. Elle rêva d'y faire éclore une ville : Addis-Abeba, « nouvelle fleur ».

« Addis chérie, dit la chanson, tes femmes ont le beauté de la terre d'ocre

Toi qui naquis du désir d'une reine pour une fleur sauvage

Toi qui fondis mon cœur dans la croix jaune des pétales de la maskal

Laisse-moi recueillir la sève de tes légendes

Vois comme elle scintille dans mes paumes

Vois comme elle pare d'or mes énigmes

Addis chérie, ouvre-moi le chemin des secrets

Toute gloire est vaine pour qui n'a pas su voir dans une goutte de rosée la promesse d'un monde

Addis chérie, perle de pluie

Accepte l'offrande de mon chant

Je dois partir sans revenir...


L'instant d'un regard

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