Ibrahim Al-Koni

 

Aux portes des maisons, s'entassaient les gamins curieux. Dans les champs, des femmes vaquaient ça et là, portant des gerbes de luzerne sur leur tête ou courbant leur visage sur le sol, comme absorbées dans de longues prières pour mendier à la terre des trésors ô combien plus précieux que ces maigres récoltes qui n'arrivaient à nourrir personne, ni encore moins à payer les taxes avec lesquelles les deys de la côte attendaient de remplir leurs caisses pour contenter l'appétit des sultans d'Istanbul qui n'auraient la panse gavée qu'une fois nourrie de la poussière du tombeau. Oui, de ces mortes étendues dont le sol âpre et rocailleux n'offrait que des herbes sauvages aux saisons de pluie -pourvu qu'un ciel attendri leur en eût fait l'aumône- les seigneurs de la côte et leurs maîtres d'au-delà de la côte attendaient des fortunes prodigieuses qui ne leur suffiraient pas, quand bien même les cieux de ces espaces solitaires eussent-ils fait pleuvoir des rubis ou transformé leur terre en poudre d'or !

Comme un appel du lointain


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