Libye : comment Khalifa Haftar a construit sa machine de guerre
Depuis sa base de pouvoir située dans l’est de la Libye, l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar a progressivement étendu le territoire sous son contrôle et la puissance de feu à sa disposition, au point de défier désormais l’autorité du gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU.
Depuis le lancement de l’opération Dignité contre les groupes de combattants islamistes autour de Benghazi en mai 2014, les forces de Haftar ont bénéficié d’un soutien international qui leur a fourni des armes et des véhicules militaires en violation de l’embargo imposé par l’ONU en février 2011, lorsque les manifestations contre le dirigeant de l’époque, Mouammar Kadhafi, se sont transformées en guerre civile à grande échelle.
Les résolutions de l’ONU de septembre 2011 et de mars 2013, autorisant la fourniture d’équipement non létal, d’assistance technique, de formation et d’aide financière, ont également permis à Haftar d’entretenir et d’élargir un arsenal comprenant les éléments – sur terre, en mer et dans les airs – d’une force militaire conventionnelle.
Haftar a également reçu un soutien politique, diplomatique et militaire de nombreux États, dont les Émirats arabes unis et l’Égypte (qui auraient persuadé le président américain Donald Trump de soutenir l’offensive de Haftar contre le gouvernement reconnu par l’ONU), la Russie et la France.
Haftar, avec le prince héritier d’Abou Dabi, Mohammed ben Zayed et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (au centre) lors de l’ouverture d’une base militaire égyptienne en 2017 (Reuters)
Milices, camionnettes et armes de fabrication soviétique
L’Armée nationale libyenne est en réalité un groupe de milices gravitant autour d’un noyau d’armée régulière, représentant une force d’environ 25 000 hommes. L’armée régulière compte environ 7 000 membres.
Haftar peut également compter sur environ 12 000 membres de milices auxiliaires, dont plusieurs unités soudanaises du Darfour, des miliciens tchadiens et 2 500 membres des brigades de Zintan, considérés comme les combattants les plus efficaces au cours de la guerre contre Kadhafi. Les forces de Haftar sont également renforcées par des combattants de tribus alliées du sud de la Libye, comme les Ouled Slimane.
L’équipement disponible pour ces forces disparates comprend des véhicules Toyota Land Cruiser jusqu’aux chars construits par les Russes. Certaines unités sont très bien équipées, avec du matériel récent, y compris des véhicules de transport de troupes, certaines fournies par les Émirats arabes unis.
Les pick-up Toyota HZJ 79 sont jugés plus importants que les véhicules blindés, car ils peuvent facilement être équipés de diverses armes de type mitrailleuses de 12,7 mm et 14,5 mm et de canons sans recul de 106 mm.
La plupart des équipements remontent à l’ère Kadhafi et sont des vestiges soviétiques et d’Europe de l’Est, notamment des chars T-54 et T-55, des lance-roquettes BM-21 Grad et des obusiers.
2014 : les Forces aériennes de la Libye libre se séparent
Des nombreux avions et hélicoptères ont été livrés en Libye par des partisans des diverses factions pendant et après la guerre civile contre Kadhafi, en dépit d’un embargo du Conseil de sécurité des Nations unies portant sur les exportations d’armes, la fourniture d’armes et de munitions, de véhicules et équipements militaires ainsi que leurs pièces détachées.
Cependant, le manque de pilotes expérimentés et de personnel au sol, ainsi que le mauvais état du matériel ancien, en grande partie stocké depuis près de deux décennies, ont fait des opérations, de la maintenance et de la rénovation un défi majeur pour les Forces aériennes de la Libye libre post-Kadhafi (FALL).
Lorsqu’en 2014, les Parlements rivaux du pays – le Congrès général national (CGN) à Tripoli et la Chambre des représentants (CR) à Tobrouk – se sont disputés l’autorité politique, les FALL se sont également scindées en deux entités.
L’une d’elles, la Force aérienne nationale libyenne (FANL), s’est rangée du côté de Haftar et a prêté allégeance à la Chambre des représentants à Tobrouk. L’autre, à l’origine connue sous le nom de Force aérienne d’Aube de la Libye (FAAL), s’est rangée aux côtés du CGN à Tripoli et de la milice alliée de Misrata.
Depuis sa visite du porte-avions russe Amiral Kouznetsov en Méditerranée en janvier 2017 pour rencontrer Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, et le général Valéri Guérassimov, chef de l’État-major des forces armées russes, Haftar a également bénéficié de l’assistance technique russe.
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