Abou Kacem Chabbi
A l'ombre de la vallée de la mort
« Tout au long de la vie, n'avons-nous point dansé,
et tant et tant chanté au fil de la jeunesse ?
Et tant de nuits couru dans les voies de la vie,
jusqu'à voir le sang pur de nos pieds nus couler ?
Ensemble, n'avons-nous pas mangé tant de poussière
et tant de larmes bues jusqu'à l’écœurement ?
Rêves, amour, douleurs, désespoir et tristesse,
nous les avons semés partout où nous passions. »
Mais de cela, mon cœur, qu'avons-nous récolté ?
Me voici ici-bas, loin des joies, loin du chant,
qui enterre mes jours dans le sombre néant,
sans même pouvoir les pleurer un seul instant.
Voici que dans un morne et pénible silence
choient les fleurs de la vie, une-à-une à mes pieds.
O mon cœur éploré, je t'en supplie, regarde !
Le charme de la vie est déjà bien tari ?
Alors viens, mon cœur, viens vite auprès de moi,
pour que, sans plus tarder, ensemble nous fassions
l'expérience de la mort.
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