Habiba Msika
Née en 1903 à Testour et décédée le 21 février 1930 à Tunis, est une chanteuse, danseuse et comédienne tunisienne. Née Marguerite Msika, elle est la nièce de la chanteuse Leïla Sfez. Issue d’une famille modeste juive tunisienne.
Elle gravit rapidement les échelons de la gloire sous le pseudonyme d’Habiba «bien-aimée». Prototype de la femme libre et maîtresse de son destin, cantatrice charismatique et actrice audacieuse, adulée par les tunisiens, elle est un véritable phénomène de société de son époque.
Surnommée la belle des belles ou encore La tigresse aux yeux verts, elle a été la première à imposer le chant solo et faire admettre à une opinion publique des plus réticentes de son époque, que chanter est un moyen comme un autre de gagner sa vie. C’est sa tante, Leïla Sfez, qui lui enseigne les premiers rudiments du chant, puis elle sera prise sous la coupe du compositeur Khemaïs Tarnane et du tenor Hassan Bannan qui lui enseignent le chant, le solfège et l’arabe littéraire.
C’est à partir des années 1920 que sa carrière décolle : elle devient un véritable sex-symbol et initie le phénomène des «soldats de la nuit», surnom donné à ses fans, en majorité de jeunes dandys de la bourgeoisie tunisienne.
C’est à cette époque qu’elle monte part à Paris où elle rencontre Pablo Picasso, Coco Chanel et d’autres célébrités. A son retour en Tunisie, elle joue «Le Fou de Leïla», «Lucrèce Borgia» et la plupart des pièces du répertoire shakespearien. En mars 1925, elle joue dans «Roméo et Juliette» et interprète Roméo, au théâtre Ben Kamla. C’est Mahmoud Bourguiba, poète tunisien, qui monte la pièce. Le baiser qu’elle échange avec Rachida Lotfi qui interprète le rôle de Juliette, provoque une véritable émeute et des spectateurs outrés brûlent la scène. Il faudra l’intervention de ses « soldats de la nuit » pour maîtriser la situation. Déjà connue pour ses sympathies nationalistes, elle provoque une nouvelle fois le scandale en 1928 en jouant dans la pièce «Patrie» où les martyrs de la liberté enroulés dans le drapeau tunisien et scandant des slogans indépendantistes. A la sortie, elle est arrêtée par les autorités coloniales avec ses « soldats de la nuit ».
Elle joue dans la pièce de théâtre «L’Aiglon» d’Edmond Rostand au Théâtre Municipal de Tunis, où elle incarne le rôle du Duc de Reichstadt, au sein de la troupe L’Avenir Théâtral.
Au matin du 20 février 1930, son ancien amant pénètre dans son appartement et l’asperge d’essence. Grièvement brûlée, elle meurt le lendemain.
Généreuse elle était toujours partante quand il s’agissait de s’associer aux œuvres de charité qui lui étaient proposées.
Sa carrière artistique a duré une dizaine d’années, pendant «Les Années Folles», (entre 1920 et 1930). De nombreux films retraçant sa carrière ont été réalisés. On peut citer :
«La Danse du feu» de Salma Baccar sorti en 1995
« Habiba Msika, l’aimée de tous », de Sarah Benillouche sorti en 2012
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