Yamel Manai
J'ai croisé mon frère dans le couloir, il avait entendu les cris et l'écho de la gifle que j'avais reçue et qui cognait encore les murs. Avant, je me serais sans doute réfugié dans ses bras, j'aurais pleuré sur son épaule, et il m'aurait soufflé le fameux couplet qui mettait du baume au cœur. Oublie ce con, c'est un spartiate, il est né dans la steppe où rien ne pousse, c'est une terre morte.
Tu sais qui est venu chercher ma chienne ? Comment ça ? Le monsieur qui est venu chercher Bella, tu as vu qui c'était ? Personne n'est venu chercher Bella. C'est ce qu'il raconte pourtant. Il ment, personne n'est venu la chercher, c'est lui qui l'a emmenée. Il l'a fait monter dans la voiture et il est parti avec, une heure plus tard, il est revenu, seul. Tu sais chez qui il l'a emmenée ? Je ne devrais pas te le dire. S'il te plaît. Je ne devrais pas te le dire. S'il te plaît. Je ne devrais pas te le dire.
Je me suis effondré, à genoux. Mes mains me déchiraient le visage, me tiraient les cheveux, je voulais m'arracher la peau, sortir de mon corps. Je marmonnais Bella, Bella. Je suis désolé, je suis désolé.
Mon frère s'est penché sur moi et m'a attrapé les mains. Arrête, arrête. D'accord. Si je refusais de te le dire, c'est pour que tu ne souffres pas davantage. Il ne l'a emmenée chez personne. Il a roulé une demi-heure sur la régionale en direction d'El Mourouj, et à un carrefour, il a ouvert la portière et il l'a jetée.
Bel abîme
Commentaires
Enregistrer un commentaire