Mohieddine Khraïef
Strophes dédiées à la ville et au vide
Debout derrière la porte
sentiments et poings liés,
l'oeil insomniaque
j'attends le retour.
L'énergie de mon corps n'est plus que cendre ;
à ma chaîne je reste attaché
pleurant avec des yeux aux paupières arrachées.
O roseau, mon voisin !
et toi, lavande qui parfume !
Des mois sont passés
mais le mal
fait toujours des ravages
parmi les esseulés
qui sont comme orphelins.
Arides sont mes saisons
ma coupe est en sang
et ma boisson le vide.
Un lien passé
fait d'illusions
me tient encore attacné au fond.
Les oiseaux me fuient
car je suis un jardin
d'arbres dépourvu ;
car je suis un désert.
J'ai passé bien des années
brûlées par la soif
sans yeux pour regarder
sans passion pour rêver
marchant sans savoir ce qui arrive
ou peut arriver.
Khayyâm, mon ami !
où donc sera plantée ma tente ?
Je voudrais tant dormir
après mille ans
de dure errance !
Les porteurs de lanterne
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